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Conférence "Qui a peur de Laurent Gbagbo ?" : le compte rendu

Typographie

Ce samedi 16 juin 2018 dernier, s'est tenue une conférence à Paris sur le thème : "Qui a peur de Laurent Gbagbo ?". Nous vous en proposons le compte rendu intégral à travers cette publication.

Dans ses mots d'introduction, Raphaël Dagbo, président de l'Association des Amis de Laurent Gbagbo, a rappelé :

  • L'apport que représentent les adhésions à notre association, non seulement pour le bon fonctionnement de celle-ci, mais aussi à titre symbolique, car cela contribue à lui donner davantage de poids.
  • A quelle étape en est le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé : après le passage des témoins de l'Accusation, il fut interrompu, suscitant de nombreuses questions sur lesquelles nous attendons un éclairage de la part des deux personnalités que nous recevons aujourd'hui, Maître Habiba Touré et François Mattéi.
  • Le contexte historique : Laurent Gbagbo, après avoir gagné les élections de 2010, a été empêché d'accéder au pouvoir et déporté à la CPI où, malgré l'absence de preuves, il n'est toujours pas relâché.

D'où la question : " Qui a peur de Laurent Gbagbo ? "

1) Intervention de Maître Habiba Touré

Maître Habiba Touré, Conseil et porte-parole (au plan juridique) de Laurent Gbagbo parle du procès :

Le déroulement du procès

  • Le transfert de Laurent Gbagbo devant la CPI s'est fait dans la précipitation : arrestation le 11 avril 2011, autorisation d'enquêter donnée à la CPI en octobre 2011, transfert à La Haye un mois après !
  • Aucun lien n'apparaissant, au cours des témoignages produits par l'Accusation, entre les preuves avancées et les motifs d'accusation formulés à l'encontre de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, la Chambre a demandé à l'Accusation d'expliquer dans un mémoire la pertinence de ses témoignages. Cela a suspendu de fait le passage éventuel de témoins de la Défense.
  • Mais devant la vacuité des éléments apportés par l'Accusation, les deux équipes de la Défense ont demandé à pouvoir plaider directement le non-lieu, sans présenter au préalable leurs propres témoins. La Chambre a donné son accord, ce qui, naturellement, ne préjuge pas de la décision finale qu'elle prendra. On n'est jamais à l'abri d'une décision surprenante, telle que son refus réitéré d'accorder la mise en liberté provisoire à Laurent Gbagbo sous le prétexte qu'il était populaire !
  • Le cas de Jean-Pierre Bemba, acquitté dernièrement en appel, est très différent.
    Nous avons une bataille juridique à mener, mais le volet politique est également important.
  • Pour rappel : un "acquittement" a lieu à l'issue d'un procès, alors qu'un "non-lieu" est prononcé avant.
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La dimension politique :

  • Aucun mandat d'arrêt n'a été délivré par la CPI contre les auteurs des nombreux massacres de masse qui ont entraîné des milliers de victimes depuis l'année 2002 à Bouaké jusqu'aux plus récents tels que ceux de Duékoué (plus de 1000 morts en un seul jour) ou de Nahibly, tous impliquant les partisans d'Alassane Ouattara. Dans le même temps, le procès mené à l'encontre de Laurent Gbagbo est censé concerner 300 victimes. D'ailleurs on devrait parler de la "crise ivoirienne", pas seulement de la "crise postélectorale".
  • Les nombreux réfugiés suite à la prise du pouvoir par Ouattara n'ont jamais reçu la visite de la Procureure Fatou Bensouda. Le Bureau du Procureur aura une lourde responsabilité et devra un jour ou l'autre justifier ses choix.
  • Du côté de certaines ONG, on peut noter le fait suivant : alors qu'elles parlent, à propos des crimes commis pendant la crise postélectorale, de la responsabilité de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé..., d'un autre côté elles emploient le terme de "Forces proOuattara", ne citent pas nommément Alassane Ouattara ou Guillaume Soro. Elles n'ont été réactives que contre Laurent Gbagbo.

2) Intervention de François Mattéi

Journaliste d'investigation, François Mattéi a été Grand reporter au Journal du Dimanche, il a collaboré au Nouvel Observateur, au Point, à VSD et, en tant que Directeur de la Rédaction, à France Soir.
Il est également l'auteur de plusieurs ouvrages dont "Pour la Vérité et la Justice" (fruit de ses entretiens avec Laurent Gbagbo) qui sera prochainement réédité chez un nouvel éditeur dans une version augmentée. Son livre sur le Franc CFA sera publié prochainement.
Sa première rencontre avec Laurent Gbagbo eut lieu en 2005, mais il s'était penché dès 2004 sur l'affaire du bombardement de Bouaké, sans s'être encore rendu en Côte d'Ivoire.
Comme il le rapporte lui-même, lorsqu'il rencontra le Président Laurent Gbagbo, il fut conforté dans l'idée qu'on avait voulu rendre celui-ci "invisible".

La personnalité de Laurent Gbagbo

  • Laurent Gbagbo a dérangé dès qu'il est apparu sur une scène marquée alors par le triomphe de la "Françafrique", où tout se décidait à Paris. Lui parlait de souveraineté, d'indépendance, voulait des choix purement ivoiriens. Il n'était pas issu d'un parti politique français. Opposant au régime du Président Houphouët Boigny, il a connu la prison. En France, hormis chez quelques personnalités, l'héritage de la pensée coloniale perdure, au moins dans le subconscient. Il suffit d'observer l'attitude des présidents français à l'égard de leurs homologues africains.
    Un exemple : la France sous Sarkozy a refusé de reconnaître la légitimité du Conseil Constitutionnel de Côte d'Ivoire pour proclamer les résultats définitifs de l'élection présidentielle.
  • Pourtant la France aurait pu bâtir quelque chose de solide avec ses anciennes colonies. Laurent Gbagbo lui-même est francophile...
  • La pensée de Laurent Gbagbo est cohérente : il l'a écrite, et tout le monde peut en prendre connaissance.
  • Il participa à de nombreuses conférences pour la paix et veilla à toujours préserver la sécurité de ses adversaires. Parce qu'il voulait la paix dans son pays, il a accepté de travailler avec des criminels.
  • Laurent Gbagbo n'a jamais été acheté.
  • Laurent Gbagbo n'est dangereux que pour le système de la Françafrique.

Laurent Gbagbo et les élections :

Au lieu d'être une porte de sortie de la crise, les élections furent pour Laurent Gbagbo une "embuscade". Face à lui, il y avait non seulement la France, mais aussi les USA qui avaient des visées sur le Golfe de Guinée devenu un enjeu important (pétrole offshore, cacao) dans un contexte de concurrence avec la Chine. Ce sont les Français et les Américains qui ont présidé à ces élections où tout fut illégal.

Le recours à la Justice est un mauvais maquillage destiné à l'éloigner du pouvoir.

Laurent Gbagbo à la CPI :

Laurent Gbagbo a intégré la prison dans son combat politique. Etant sûr de son bon droit, il a décidé d'accepter la Justice internationale. C'est très dur, mais nous devons le soutenir jusqu'au bout. Politiquement il a gagné, mais il faut "faire sauter le verrou". La Côte d'Ivoire renaîtra quand Laurent Gbagbo sera dehors.

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3) Questions-Réponses et contributions

  • La majorité des questions et des compléments d'informations a porté sur le déroulement du procès, les actions en faveur de la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, et le contexte politique. En voici les principaux éléments :
  • La partie "Annexes" du mémoire de la Procureure n'est pas disponible sur le site de la CPI, car elle a un statut de confidentialité.
  • Après l'audience prévue initialement le 10 septembre [reportée entre-temps au 1er octobre] au cours de laquelle se déroulera le plaidoyer des équipes de la Défense, la Chambre se réunira pour délibérer à une date qui pourra être ou ne pas être communiquée. Elle décidera soit le non-lieu, soit la continuation du procès.
  • La date de cette audience peut être un jalon dans l'agenda des actions en faveur de la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Selon F. Mattéi, les multiples actions entreprises depuis 2011 (marches, voyages à La Haye... ) manquent de visibilité, d'effet direct sur l'opinion ; il serait plutôt favorable à l'organisation d'un "gros coup", d'une action très visible.
  • Il fait remarquer, entre parenthèses, que nombre d'artistes français assistent aux diverses cérémonies organisées par Mme Ouattara.
  • L'accroissement important du nombre d'immigrants Ivoiriens en Europe est symptomatique de la situation déplorable sous le régime de Ouattara. Il y a actuellement en France plus d'immigrants Ivoiriens que Syriens.
  • A propos du type de défense assuré par l'équipe dirigée par Maître Altit, Maître Habiba Touré précise qu'elle n'est pas la porte-parole de Me Altit et que c'est à lui qu'il faudrait s'adresser. Elle ajoute cependant qu'exprimer devant la Cour son désaccord avec l'institution qu'est la CPI - selon une stratégie dite "défense de rupture" - n'arrêterait pas le procès. En outre, ce procès dessert maintenant Alassane Ouattara et fait apparaître de plus en plus clairement la vraie nature de la CPI. C'est la preuve par l'exemple. Ainsi, lorsque l'Accusation parle d'un "plan commun" qui fait 300 victimes, alors que l'on connaît le nombre extrêmement élevé des victimes des massacres cités plus haut, on voit l'absence de sérieux de cette institution.
  • Maître Habiba Touré elle-même a déposé auprès de la CPI les dossiers de plus de 4000 victimes que la CPI a dû enregistrer, et là on pourrait parler de "Plan commun".

    Selon F. Mattéi, même si l'issue de la délibération sur le non-lieu n'est pas positive, Laurent Gbagbo voudra aller jusqu'au bout. Il y aura un "après-procès".

    Certains pensent que Laurent Gbagbo aurait dû porter plainte contre la France. Mais l'on ne choisit pas ses interlocuteurs, et la Côte d'Ivoire est un petit pays. Laurent Gbagbo joue sa partition avec les moyens dont il dispose, même si le prix en est terrible.

    • A une question sur la différence entre la colonisation et l'indépendance d'aujourd'hui, F. Mattéi répond : les mots, parce qu'en Afrique francophone il n'y a pas eu de rupture radicale.
    • En complément, Habiba Touré souligne qu'à l'époque coloniale, la France avait les richesses, mais aussi des charges (routes par exemple), alors qu'actuellement elle a les richesses, tandis que les charges sont supportées par les anciennes colonies.
    • Plusieurs participants engagés politiquement pour le changement en Côte d'Ivoire ont exprimé le souhait que les Ivoiriens prennent en charge la libération de leur pays, dont la libération du Président Gbagbo et de Charles Blé Goudé est un élément clé.
    • Le positionnement de Laurent Gbagbo sur la question de la nation : Laurent Gbagbo ne revendique pas de pouvoir s'exprimer à la CPI en langue Bétée, parce qu'il a été élu en tant que Président de tous les Ivoiriens.
    • Sur les relations avec les autres pays : la Côte d'Ivoire a parfois manqué d'alliés. Sans tomber dans le travers de se demander sans arrêt ce que pensent les gouvernements et les opinions à l'extérieur, il serait cependant bien utile de les informer davantage.

    Source : http://www.lesamisdelaurentgbagbo.com/actualite-518-compte-rendu-de-la-conference-du-16-juin-2018.html

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