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Côte d'Ivoire: violente répression d'une manifestation publique et démocratique appelée par l'opposition

Violente répression d'une marche démocratique

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Abidjan – Des heurts violents ont eu lieu ce jeudi en Côte d’Ivoire, au cours des manifestations publiques et démocratiques appelées par l'opposition contre la candidature de M. Alassane Dramane Ouattara à l’élection présidentielle du 25 octobre 2015. Ces événements surviennent après l'arrêt de la cour constitutionnelle de ce mercredi 9 septembre, validant la candidature de M. Alassane Dramane Ouattara en tant que candidature "dérivée".

Une dépêche de L'AFP fait déjà état d'un mort et de nombreux blessés, dans les affrontements entre la Police et les supporteurs du président sortant d'une part, et les manifestants de l'opposition d'autre part.

Pour rappel, notons que l’opposition ivoirienne coalisée au sein de la CNC(Coalition Nationale pour le Changement), a appelé la population ivoirienne à descendre dans les rues à partir du jeudi 10 septembre en cas de validation de la candidature du chef de l’Etat sortant, M. Allassane Dramane OUATTARA, par le conseil constitutionnel, ce dernier ayant été candidat à titre exceptionnel, lors des dernières échéances électorales de 2010, qui ont entraîné le pays dans une crise post-électorale sans précédent.

Le camp du président OUATTARA soutient quant à lui, qu’un président sortant, fusse-t-il à titre exceptionnel, ne saurait être écarté de l’élection présidentielle.

Face au chaos qui s'annonce, certaines opinions nationales et Internationales s'interrogent sur les raisons pour lesquelles le Président OUATTARA n'a pas respecté sa promesse de faire modifier (ou supprimer purement et simplement) l'article 35 qui fait objectivement barrage à sa candidature, et qui a obligé l'ex Président Laurent GBAGBO à prendre une ordonnance expresse, au titre de l'article 48 de la loi fondamentale Ivoirienne, pour le rendre éligible à titre exceptionnel, conformément à l'accord politique de Linas-Marcoussis.

Voici ce que stipule l'article 35 de la Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000:

"Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n'est rééligible qu'une fois.
Le candidat à l'élection présidentielle doit être âgé de 40 ans au moins et de 75 ans au plus.
Il doit être Ivoirien d'origine, né de père ET de mère eux-mêmes Ivoiriens d'origine.
Il doit n'avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne.
Il ne doit s'être jamais prévalu d'une autre nationalité.
Il doit avoir résidé en Côte d'Ivoire de façon continue pendant cinq années précédant la date des élections et avoir totalisé dix ans de présence effective. L'obligation de résidence indiquée au présent article ne s'applique pas aux membres des représentations diplomatiques et consulaires, aux personnes désignées par l'État pour occuper un poste ou accomplir une mission à l'étranger, aux fonctionnaires internationaux et aux exilés politiques.
Le candidat à la Présidence de la République doit présenter un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins désignés par le Conseil constitutionnel sur une liste proposée par le Conseil de l'Ordre des Médecins. Ces trois médecins doivent prêter serment devant le Conseil constitutionnel.
Il doit être de bonne moralité et d'une grande probité. Il doit déclarer son patrimoine et en justifier l'origine."

Face à ce dilemme constitutionnel posé par l'article 35, M. Francis WODIÉ le Président du Conseil Constitutionnel nommé par M. OUATTARA aux lendemains de son accession à la Présidence de la République de Côte d'Ivoire, a dû démissionner en Février dernier, et remplacé par M. MAMADOU KONÉ, un militant du RDR, proche du Président OUATTARA.

Interviewé lors des passations de charge, M. Wodié déclarera:

"Comme je l'ai indiqué, je souhaite voir cet organe important, jouer ce rôle éminemment important qui est le sien, et rapporté aux élections, jouer ce rôle d'arbitre indépendant et impartial dans l'intérêt de la paix, dans l'intérêt du droit et dans le sens de l'intérêt général, qui est celui de toutes les populations Ivoiriennes, et même de ceux qui vivent en Côte d'Ivoire sans être Ivoiriens. Et nous tous, nous devons tendre à cela, en faisant preuve de ce que j'appelle "l'intelligence nationale".(...) Nous avons tous un rôle à jouer, quelque soit notre position, dans la préservation de la paix, dans la conduite des élections que nous voulons tous régulières, paisibles, sincères et exprimant effectivement la volonté du peuple de Côte d'Ivoire".

Force est de constater que ces violentes répressions, ces centaines de prisonniers politiques et ces morts que l'on déplorent aujourd'hui, auraient pu être évité semblent malheureusement être occasionnés par ces manifestations démocratiques auraient pu être évités, si Monsieur OUATTARA avait tenu sa parole d'organiser ce référendum populaire aux fins de mettre fin aux dispositions de l'article 35 de la loi fondamentale Ivoirienne, votée à plus de 86% par le peuple de Côte d'Ivoire.

Cette décision du Conseil constitutionnel qui ressemble à un passage en force de l'Exécutif Ivoirien, laisse t'il présager un hold-up électoral sur la prochaine élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 25 Octobre 2015.

Monsieur OUATTARA est-il capable de gagner une élection en Côte d'Ivoire dans des conditions "régulières, paisibles, sincères et exprimant effectivement la volonté du peuple de Côte d'Ivoire"?

Les options stratégiques choisies par le pouvoir en place ne semblent-ils pas donner raison à certains de ses détracteurs, qui le jugent "minoritaire" et incapable de remporter des échéances électorales "transparentes, régulières, et apaisées"?

La rédaction AFROPOLITIS

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