C'était à 12h34, heure d'Abidjan, le mercredi 23 août 2023 dernier, qu'un vaisseau indien se posait avec succès près du pôle Sud de la Lune. Dénommée Chandrayaan-3, la sonde indienne venait de réussir son alunissage en douceur, au deuxième jour du sommet des BRICS de Johannesbourg. À peine 10 jours après cet "événement historique", l’Inde annonce se lancer à la conquête du Soleil. Quels sont ces grands enjeux technologique, scientifique et géopolitique qui font courir l'Inde dans la conquête de l'espace ?
C'était le 14 juillet 2023 dernier, depuis la ville de Sriharikota (Inde), que l'ISRO(Indian Space Research Organisation, autrement dit "Organisation indienne pour la recherche spatiale") avait lancé sa mission spatiale Chandrayaan-3 vers la Lune... Il a donc fallu que le peuple indien retienne son souffle pendant un peu plus d'un mois, avant de célébrer sa grande réussite : l'atterrissage en douceur de Chandrayaan-3 sur la Lune.
La bonne nouvelle avait été annoncée par l'ISRO le mercredi 23 août 2023 dernier, à 12h34, heure d'Abidjan. Nous étions au deuxième jour du sommet des BRICS de Johannesbourg, et c'est donc depuis l'Afrique du Sud que le premier ministre indien, Narendra Modi, avait suivi l’événement. Selon lui, c'était un « jour historique » car l’Inde venait d'intégrer ainsi le club très fermé des grandes puissances spatiales, après les États-Unis, la Russie et la Chine.
"L'Inde est maintenant sur la Lune. Je suis convaincu que tous les pays du monde peuvent y arriver, même les pays du Sud", a déclaré le Premier ministre, Narendra Modi
Construit par l'ISRO, Chandrayaan-3 a réussi à se poser sur le pôle sud de la Lune, c'est à dire "la face opposée à la Terre", autrement dit, Sa "face cachée". Chandrayaan-3 comprend un module d'alunissage nommé Vikram ("vaillance" en sanskrit) et un rover nommé Pragyan ("sagesse").
L'enjeu scientifique et technologique
L'objectif poursuivi par l'ISRO était d'abord de faire la démonstration de la capacité "d'un atterrissage sûr et en douceur sur la surface lunaire", entreprises qui s'étaient révélées jusqu'alors périlleuses. Raison pour laquelle la "face cachée de la Lune" n'avait pas encore livrée ses secrets...
Cette prouesse scientifique en devenait d'autant plus retentissante pour les scientifiques indiens que leurs homologues russes venaient d'échouer quelques jours plus tôt, dans la même mission.
En effet, le vaisseau russe LUNA-25 qui, avait été lancé dans la nuit du 10 au 11 Août en direction de la Lune, et qui devait y atterrir et y rester pendant un an, s'est écrasé sur la surface de la Lune, le samedi 19 Août 2023.
Notons que la mission de LUNA-25 était bien plus longue et plus ambitieuse comparativement à Chandrayaan-3, dont la mission était prévue pour durer pendant un jour lunaire, soit l'équivalent de quatorze jours terrestres seulement.
Pour l'ISRO, le robot d'exploration mobile Chandrayaan-3 qui va parcourir la surface de la Lune pendant un jour lunaire, devait permettre d'analyser "la sismicité", "la composition minéralogique de la surface lunaire" ou encore ses "propriétés thermiques". La mission espère y trouver de la glace d'eau, auquel cas, il serait "plus facile" d'envisager une habitation humaine possible sur la Lune dans l'avenir...
L'autre enjeu scientifique important est celui qui consiste à envisager que depuis la Lune, l'on puisse projeter des engins spatiaux vers Mars ou toute autre destination plus lointaine, la Lune servant d'escale ou d'étape intermédiaire.
L'enjeu géopolitique
Jusqu'à présent, seuls trois pays sont parvenus à poser des engins sur la surface de la Lune, située à quelque 384 500 kilomètres de la Terre : la Russie, les Etats-Unis et la Chine. Qui se trouvent être les 3 grandes puissances militaires de la planète.
Avec l'entrée de l'Inde dans ce cercle très fermé des "puissances spatiales", il est à noter désormais que 3/4 parmi ces puissances font partie des BRICS. Ce qui est une donnée importante à intégrer dans l'analyse des forces géopolitiques à l'œuvre pour la transition du système politique mondial, sur la base de la multipolarité.
Le conflit entre l'OTAN et la Russie sur le théâtre des opérations Ukrainiens, a impacté en profondeur la coopération entre les États-Unis et la Russie pour l'ISS(la Station Spatiale Internationale)...
Les États-Unis utilisaient le vaisseau spatial russe SOYOUZ pour tous les vols habités vers l'ISS et le conflit entre les deux pays a entraîné une réduction de la dépendance mutuelle en matière de coopération spatiale, laissant donc de la place pour de nouveaux opérateurs. Et l'Inde pourrait avoir pour objectif de se positionner sur la scène géopolitique mondiale comme un partenaire technologique valable, capable de relever les plus grands défis.
Et c'est peut-être cette stratégie qui sous-tend l'annonce faite par l'Inde, d'envoyer sur le Soleil une sonde d'observation dénommée Aditya-L1, “alors que Chandrayaan-3 continue de collecter des données sur la Lune". L'annonce faite par l'Inde de sa toute première mission sur le Soleil pourrait donc répondre à une stratégie d'affirmation de sa capacité technologique et de la fiabilité de son lanceur spatial PSLV.
La fusée PSLV XL, cette fusée de 320 tonnes à la base de cet exploit indien, pourrait se positionner comme un concurrent sérieux de la technologie russe SOYOUZ, au moment même où les États-Unis sont toujours en recherche d'alternative...Rappelons, à toute fin utile, que la Russie est le seul pays encore en capacité d’emmener l’homme dans l’espace, et c’est aussi grâce à elle que les Européens pouvaient voyager dans l'espace jusqu'au moment de la guerre en Ukraine.
Les nouvelles ambitions "solaires"
La sonde d’observation "Aditya-L1" tire son appellation du mot hindou "Aditya" désignant la divinité solaire, et L1 désigne le point de Lagrange L1, à partir duquel les forces de gravité du soleil et de la Terre s’équilibrent de sorte à maintenir en orbite un satellite.
C'est donc après 125 jours de voyage, que la sonde "Aditya-L1" espère atteindre son point de mise en orbite autour du Soleil... D'ici là, notre rédaction suivra avec attention cette actualité lunaire et solaire afin de tenir informé notre lectorat.
Par la Rédaction - Média AfroPolitis.com
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