La société civile sénégalaise et les organisations de défense des droits humains ont produit et co-signé une déclaration sur les actions de réduction de l'espace civique et d'entrave à la liberté des citoyens par le gouvernement sénégalais. Cette déclaration faisant suite à la décision du gouvernement de retirer l'agrément de Lead Afrique francophone par le ministre de l’intérieur. Il lui est reproché de financer Y en a marre. La rédaction d'AfroPolitis.com vous propose ci-dessous leur déclaration conjointe en intégralité.
Ce vendredi 16 Novembre 2018, l’ONG Lead Afrique Francophone a reçu la notification d’un arrêt du ministre de l’intérieur daté du 5 Novembre 2017, abrogeant l’arrêté autorisant la création de l’association, mettant ainsi fin à l’autorisation accordée à l’association et ordonnant la cessation immédiate de ses activités sur le territoire national.
Auparavant, les responsables de l’association avaient été convoqués le Mardi 13 Novembre pour un interrogatoire qui a duré de 15:00 à 20:00 au commissariat central, en même temps que trois autres responsables d’ONG (ENDA TM, OXFAM, OSIWA) dans le cadre d’une enquête ouverte sur des présumés financements irréguliers au profit de l’association Y en a marre.
Les organisations de la société civile réunies dans le cadre d’une initiative spontanée dénoncent cet acte du ministre de l’intérieur et réclament un retrait immédiat de l’arrêté. Elles témoignent leur solidarité aux associations Y EN A MARRE et ENDA LEAD AFRIQUE FRANCOPHONE qui font l’objet de persécutions injustes de la part du ministère de l’intérieur.
Au-delà de cet acte grave et inacceptable dans le fonctionnement d’un Etat de droit, il faut constater des tentatives répétées depuis un certain temps de l’autorité publique de réduire l’espace public d’expression des citoyens et des organisations de la société civile par des menaces et actes d’intimidation qui ne peuvent prospérer dans notre démocratie qui consacre les libertés individuelles et collectives et la participation citoyenne dans sa charte fondamentale et dans l’essentiel des textes juridiques organisant la république sénégalaise.
Se rappelant la décision du gouvernement sénégalais de dénoncer les accords de siège liant le gouvernement du Sénégal à certaines ONG en 2011, nous considérons que les périodes électorales sont des moments de tensions et de mise en œuvre de stratégies d’endiguement des forces sociales qui pourtant ne travaillent que dans le cadre de l’intérêt public à travers des actions destinées au progrès économique et social des citoyens et au renforcement de notre démocratie.
Partageant des valeurs communes de démocratie, de protection des droits humains et des libertés individuelles et collectives, de participation à l’action publique des citoyens, nos organisations renouvellent leur ferme attachement à ces principes et s’engagent à les défendre aux niveaux national et international.
Nous rappelons ainsi le gouvernement du Sénégal à un respect strict des principes consacrés par la Constitution, loi fondamentale du pays ainsi que les différents engagements internationaux dont l’Etat du Sénégal est partie. Cela doit se traduire par l’annulation de l’arrêté visant l’association LEAD AFRIQUE FRANCOPHONE et respect ses droits et l’arrêt des actes d’intimidation en cours contre d’autres organisations.
Le collectif mis en place à ce propos pour défendre et préserver les droits des citoyens, associations et ONG au Sénégal, informera très prochainement d’un plan d’action pour donner suite à cette prise de position qui interpelle le Gouvernement du Sénégal.
Fait à Dakar, le 17 Novembre 2018
Ont signé :
- Collectif des Organisations de la Société Civile pour les Elections (Cosce) ;
- Amnesty International Sénégal
- Forum Social Sénégalais ;
- RADDHO
- Y EN A MARRE
- LEGS Africa
- Article 19 Sénégal/Afrique de l’Ouest
- CICODEV
- Cos M23
- Alioune TINE
- LEAD Sénégal
- Union des Indépendats du Sénégal