ll y a très longtemps, douze jeunes gens vêtus de peaux de bêtes désireux d'apprendre les arts mystiques, se sont rendus à la cité des brumes et des ombres pour rencontrer O'Zeh Messam frère et ennemi Odim Sosolé, « les demi dieux » de l'ordre des connaissants (Beyem), les seuls qui avaient été habités par Zeh Nsi'i le Ngui'i grand Maître des rites et des énigmes.
En arrivant, ils virent un homme couché à moitié nu entre les énormes racines apparentes d'un arbre luxuriant. Autour de lui, des calebasses vides, un oisillon tombé de son nid qui hurlait et se battait contre une meute de fourmis affamées qui l'avait assailli, non loin de là, un âne obèse sans tête mais qui parlait, un crapaud géant qui avait les yeux d'un homme et qui les fixait, un nourrisson qui avait la tête d'un très vieil homme qui les fixait également et deux gros escargots qui se querellaient dans différentes langues.
Les jeunes gens effrayés, vont alors essayer de le réveiller, mais il semblait ivre et profondément endormi, ils vont tout faire mais il était comme dans un coma éthylique.
La nuit tombait tout doucement, le crapaud les fixait, le nourrisson au corps de vieillard aussi, les escargots dans leurs querelles s'accusaient mutuellement d'avoir mangé les derniers étudiants, l'atmosphère devenait de plus en plus lourde et sordide. Puis un hibou vint en disant : gardez-moi juste les intestins, la dernière fois vous avez oublié de m'appeler, puis l'arbre éclata de rire et il y avait différentes voix comme si mille personnes étaient à l'intérieur. Les jeunes prirent peur et retournèrent au village et toutes ces créatures se mirent à les poursuivre, mais alors que les créatures étaient sur le point de les attraper, ils se réveillèrent tous au milieu de la cour du village, mais ils n’étaient plus douze mais dix, deux parmi eux étaient absents retenus dans cette forêt dont le chemin était dans ce rêve qu'on ne fait qu'une fois.
Et plus le temps passait, et plus des signes étranges et des symboles blancs comme des marques de peinture apparaissaient sur leurs corps.
Pour ne pas être vus par leurs parents et par les gens du village, ils se cachèrent dans les bosquets et les chemins des champs à chaque fois que les gens s'approchaient, mais bizarrement, ils n'avaient ni faim ni soif, ils n'avaient pas sommeil et après un certain temps, ils se rendirent compte que personne ne les voyait plus. En faisant les tours dans la forêt, ils revinrent au pied de l'arbre et trouvèrent le même décor planté, mais seulement, ils n'avaient plus peur, ils se rendirent compte qu'ils étaient devenus comme eux et que cette forêt était désormais leur nouveau village.
En fait, ce sont les deux autres qui n'étaient plus avec eux, qui sont retournés au village et eux, étaient restés captifs. Plus ils restaient dans cette forêt plus ils s'y plaisaient. Ils devinrent eux aussi des oiseaux lugubres, des escargots, des créatures difformes, mais ils ont gardé en eux les souvenirs des leurs et de leurs amis qui pouvaient les voir de temps en temps passer. Leurs deux amis se souvenaient deux, et souvent les appelaient. Parmi eux se trouvaient une jeune fille qu'on appelait Mefe M'engueule qui dans sa transformation, devint une très vieille femme et pouvait la voir dans les rêves quand la lune était ronde.
Cette histoire est probablement l'une des plus récentes après la traversée de la Sanaga, quand les Koungou furent plus sollicités que les Ngui'i et c'est en souvenir de ces 10 enfants perdus et retenus dans une forêt dont le chemin n'était qu'un rêve, qu'on créa l'Abok Bekon (la danse des esprits et êtres errants) à ne pas confondre avec les Mvamba.
D’après les enseignements du Dr MBA ERISIEN suivant les œuvres non publiés de Mme MBO MBA ROSE présidente des états généraux de la culture du Sud Cameroun.
Par ZAMBO NNANGA II
MANE EKANG
MOAN NTUMU NANGA
MOAN KOLO
MOAN NEE BODO(BENE)
MOAN ETON
