[Dossier] Gabon : Le coup d'état par anticipation de la Françafrique ?

Les images sont maîtrisées et les discours ne font montrent d'aucune fausse note. L'inventaire même des biens mal acquis par le clan Bongo commence à être étalé sur internet en prélude aux prochaines confiscations des biens d'un "dictateur africain" tombé en disgrâce de son peuple...Le décor est planté.

Cette fois-ci le schéma du coup d'état Gabonais rentre dans les bonnes cases du coup d'état légitime en pays françafrique : une armée qui fusionne avec les manifestants en joie et qui veille au grain pour qu'il n’y ait pas de débordements ou qu’aucun drapeau d’un pays hors pré-carré n’apparaisse sur les images des populations en liesse, ni aucun mot d'ordre anti-français.

La crise au Niger oblige, pourquoi prendre le risque de perdre la main en s'accrochant à un régime en difficulté ou impopulaire et pourquoi pas, aller dans le sens du vent en encadrant la révolution...? Et pour cause :

Signe d'un véritable changement des mentalités, pour la première fois, les africains du Gabon ont choisi un "candidat consensuel", un homme intègre, hors du sérail politique et réputé compétent pour représenter l'ensemble de l'opposition face à un Président sortant malade, intellectuellement et physiquement diminué...

De plus, c'est seulement à une semaine avant les élections que l'opposition gabonaise a dévoilé ses cartes, ce qui a dû persuader Paris que quelque chose de fondamental était en train de se jouer dans ce pays chasse-gardée de la Françafrique...

Sentant venir le coup, Paris a dû prendre les choses en main afin d'orchestrer un de ces coups d'état-maison dont elle a toujours eu le secret en Afrique et que le peuple, las de la dynastie des Bongo, ne pouvait qu'adouber.

Sinon comment comprendre que plutôt que d'exiger la communication et le respect des vrais résultats des élections, c'est plutôt les élections qui sont annulées et le coup de force unanimement salué ?...D'autant plus que dans le contexte du Niger, la même France était engagé en plain dans un bras de fer contre les nouvelles autorités du pays aux fins de rétablir un soi-disant "ordre constitutionnel" dont la substance se résumait en la personne de l'Ex-Président Mohammed Bazoum...

Pour comprendre les dessous de ce coup d'état-maison en pays Françafrique, il suffit d'observer que tous les secteurs économiques stratégiques du Gabon sont exploitées par des entreprises françaises, et bien sûr, la pauvreté qui y règne est due à la mauvaise gouvernance et à la corruption des africains...Bref, french business as usual !

Voici la liste des entreprises qui se sont accaparées toute la richesse du Gabon :

• Total : Secteur pétrolier. Total contrôle près de 80% de la production pétrolière du Gabon à travers sa filiale Total Gabon. C'est de loin le premier exploitant français.
• Bolloré : Secteur transport et logistique. Bolloré gère de nombreuses infrastructures comme le port, les chemins de fer et des entrepôts.
• Rougier : Secteur du bois. Rougier est leader pour l'exploitation et l'exportation de grumes de bois.
• Castel : Secteur agroalimentaire. Castel possède les Brasseries du Gabon qui produisent les bières locales.
• Air France : Secteur aérien. Air France opère des vols directs entre Paris et Libreville.
• Orange : Télécommunications. L'opérateur français Orange est présent dans la téléphonie mobile.
• Société Générale : Secteur bancaire. La Société Générale dispose d'une filiale, la Société Générale Gabon.
• Eramet : Secteur minier. Eramet exploite le gisement de manganèse de Moanda.
• CFAO Technologies : Distribution automobile et biens d'équipement.
• Groupe Chargeurs : Industrie textile via Cotecna Inspection Gabon.

Un autre indice qui vient conforter notre hypothèse, se sont les réactions comparées des grandes puissances en guerre d'influence dans la sous-région :

Les classes politiques Etats-Unienne et française condamnent du bout des lèvres le coup d'état, tandis que leurs journalistes le saluent, s'en réjouissent et en donne toutes les bonnes justifications...le deux poids. Deux mesures. Quoi de plus normal ?

Et de l'autre côté, la Russie et la Chine expriment respectivement leurs inquiétudes...

Après avoir saigné à blanc ce pays qu'est le Gabon en protégeant avec le plus grand cynisme le régime des Bongo, la France trouve moyen de faire annuler les résultats d'un scrutin dont les résultats ne lui permettait certainement pas de garder la main mise sur le système politique du pays pétrolier, le plus pauvre de la planète.

Penser que la jeunesse africaine est demeurée dupe de ces manigances, n'est ce pas là l'expression la plus aboutie de l'arrogance à la française ?

Et si l'histoire ne faisait que commencer.

Par la Rédaction - média AfroPolitis.com