Alassane Ouattara est déclaré candidat ‘’éligible par dérivation’’ par le Conseil constitutionnel. Depuis le mercredi 9 septembre dernier, date de la validation de sa candidature en même temps que neuf (9) autres personnalités, à l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre prochain, une vague de contestation secoue la Côte d’Ivoire, tant à Abidjan la capitale économique que tant dans des villes de l’intérieur du pays.
Depuis le jeudi 10 septembre, le bilan de ses soulèvements populaires établi par le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo fait état de deux (2) morts, un disparu (dont le corps aurait été finalement retrouvé sans vie à Logouatta), des habitations incendiées, plusieurs blessés et une dizaine d’arrestations dont le leader de la Coalition nationale des indignés de Côte d’Ivoire, David Samba interpellé le dimanche 13 septembre 2015 en début de soirée. En lieu et place du dialogue auquel le pouvoir est invité par l’opposition réunie au sein de la Coalition nationale pour le changement (CNC) et face aux contestations de l’éligibilité ‘’dérivée’’ du candidat Ouattara, le régime ivoirien oppose la répression. Tout en réitérant leurs appels au dialogue à l’endroit du pouvoir, la CNC et surtout le FPI qui constitue sa principale force sur le terrain de la mobilisation, semblent donner dans l’exaspération. Et rien ne dit que ces deux forces pourraient garder longtemps leur calme face à la détermination de leurs militants. Il y a lieu de craindre le pire si ces mouvements s’intensifient.
La plupart des chancelleries internationales sont représentées en Côte d’Ivoire. Toutes observent la réaction du peuple face aux barbaries du régime Ouattara. C’est ainsi qu’il faut comprendre son attentisme qui consiste à mimer le signe de la gravure : ‘’ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire’’, jusqu’à ce que …
Effectivement, depuis le déclenchement des protestations, aucune d’entre elles n’a encore pondu de déclaration à part celle sibylline de la CEDEAO. A commencer par l’Union africaine (UA) au plan continental, Union européenne premier gros partenaire de la Côte d’Ivoire, pour finir par l’Organisation des nations unies (ONU). Elles qui avaient pris une part active lors de l’élection présidentielle de 2010 en s’impliquant dès le lancement du processus en 2005. Elle se refuse désormais à ne pas agir. Au plan sous régional, c’est seulement le samedi 12 septembre 2015, que des chefs d’État et de gouvernement de la sous région ouest africaine se sont retrouvés, à Dakar la capitale du Sénégal, pour une ‘’session extraordinaire’’.
Au menu de leurs assises, les questions électorales au Burkina Faso, en Guinée et en Côte d’Ivoire.
« A cet égard, la Conférence souligne la nécessité, pour tous les États membres organisant des élections, de créer les conditions favorables à la tenue de scrutins libres, démocratiques et pacifiques. Elle les encourage à privilégier le recours au consensus, en cette période cruciale de consolidation de la paix et de la bonne gouvernance. Elle a en outre, instruit la Commission de poursuivre son appui au Burkina Faso, à la Guinée et à la Côte d’Ivoire et de mettre en œuvre toutes les mesures susceptibles d’assurer la réussite des élections prévues dans ces pays au cours du mois d’octobre 2015.
Ayant examiné le rôle et le fonctionnement de la Commission électorale indépendante dans l’organisation des élections dans la région, la Conférence instruit la Commission de procéder à une évaluation critique de l’ensemble des organes chargés des processus électoraux et lui faire un rapport à une prochaine session. » Lit-on aux paragraphes 7, 8 et 9 de la déclaration de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO.
La CEDEAO qui avait pris le taureau par les cornes à partir de 2003 en multipliant les sommets, semble ne plus se préoccuper de la manière dont les Ivoiriens veulent régler leur quiproquo électoral. C’est pourquoi elle a croisés les bras depuis que le régime ivoirien échafaudait ses plans pour passer en force et au moment où l’opposition de la CNC s’évertuait à l’inviter au dialogue sur les questions liées au processus électoral. Et lorsqu’elle interpelle la Conférence des chefs d’État et de gouvernement sur la faisabilité d’une « évaluation critique » de la Commission électorale, elle n’est pas sans ignorer que la CEI ivoirienne a été recomposée, ses places pourvues et assaillies par les partisans de Ouattara, que la liste électorale n’a pas été révisée, le code électoral aussi, que la Constitution ivoirienne quant à elle est bafouée en son article 35 qui élimine le candidat du pouvoir.
C’est d’ailleurs ce dernier élément qui a mis le feu aux poudres et l’opposition a lâché ses militants dans la rue pour contester la décision du Conseil constitutionnel. Comme il est susmentionné, le bilan de ces échauffourées s’alourdit, là où un minimum de consensus comme le désirait l’opposition et les candidats aurait fait l’affaire. Comme le président français François Hollande appelait les peuples africains « à faire comme le peuples burkinabé », la CEDEAO n’en dit pas moins. Vu que le pouvoir ivoirien a désigné ses équipes de campagne électorales et que, le candidat Alassane Ouattara auréolé de son "éligibilité dérivée’’ tirée d’une gymnastique juridique bat campagne pour sa réélection qui ne fait l’ombre d’aucun doute. La CEDEAO sait pertinemment que lorsque le peuple va se déterminer en commençant par prendre toutes ses responsabilités, que sa Conférence des chefs d’État et de gouvernement va siéger de nouveau pour analyser le nouveau rapport des forces.
Sinon, pour le moment elle se bornera à ce qu’elle a fait à la session extraordinaire de Dakar, à savoir qu’elle « félicite le gouvernement pour le dialogue politique qu’il a engagé avec l’opposition et l’encourage à le poursuivre durant toutes les phases du processus électoral ». Sinon tout le monde la CEDEAO, l'UA, l’UE, l’ONU y compris, sait que Ouattara n’a pas rencontré l’opposition pour renouer le dialogue. Mais qu’il a plutôt rencontrés ‘’ses’’ opposants préférés.
Qu’il a d’ailleurs cadeautés. Sinon à un peu plus de quatre semaines de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire comment la CEDEAO ne devrait-elle pas se rendre compte que le gouvernement ivoirien n’a pas rencontrés ses opposants qui l’invitent au dialogue et qu’il a plutôt distrait l’opinion avec ‘’ses’’ opposants triés sur mesure ? La communauté internationale qui a fait preuve de diligence dans un passé récent perçoit la fluctuation de la société qui s’opère sous ses yeux. Elle sait que l’exemple du peuple burkinabé aura des répercutions et se dit qu’elle n’a plus besoin d’aiguillonner qui que ce soit. Mais qu’il suffit tout simplement que chaque peuple prenne ses responsabilités et le reste suit
Auteur:Par Simplice Allard
Source: ivoirepost
BLOG COMMENTS POWERED BY DISQUS