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[Bénin] Débat présidentiel du 2nd tour : TALON démontre avec brio sa maîtrise des problèmes du pays

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Très attendu, le face-à-face Lionel Zinsou-Patrice Talon, les deux finalistes au second tour de la présidentielle 2016 qui a lieu dimanche 20 mars prochain, s’est tenu effectivement tenu dans la soirée d’hier. Décryptage commenté !120 minutes. Deux candidats dans un débat contradictoire pour convaincre environ 5 millions d’électeurs. C’est « Moi président, le face-à-face » en direct sur la télévision nationale béninoise (Ortb). Qui a gagné le débat ? Quel sera son impact sur le choix des électeurs ? Telles sont les questions que l’on se pose à la fin d’un débat présidentiel ; quand cela se passe dans une grande démocratie comme les Etats-Unis ou encore la France.

Les instituts de sondage auraient permis de savoir lequel des débatteurs a le plus convaincu les téléspectateurs de par sa séduction, la justesse de ses idées, la profondeur de son argumentaire, ses stratégies de légitimation de crédibilité et de captation. Mais au Bénin, nous n’en sommes pas encore là. Nous sommes une démocratie naissante. D'ailleurs, dans l’histoire politique de notre pays, c’est la toute première fois que deux finalistes à une élection présidentielle se mesurent dans un corps en corps des idées en direct sur un plateau de télévision. Mieux, dans un pays où les déterminants du vote restent l’ethnie, l’argent et l’irrationnel (le premier l’a encore confirmé) l’on pourrait s’interroger à tort ou à raison sur l’opportunité et l’effet d’un débat présidentiel contradictoire. Soit !

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A l’annonce de la tenue de ce débat, difficilement pouvait-on miser sur Patrice Talon. Bac+2, homme de l’ombre, de réseaux et d’influence, l'homme d'affaires, qui a une parfaite connaissance de l’univers public béninois, a atterri sous les feux de la rampe en 2012. En dehors de quelques interviews à Rfi et aux chaînes de télévision nationales, les Béninois ne lui connaissent pas de côté orateur efficace, tribun ou grand débatteur. Par contre, il avait en face de lui Lionel Zinsou, professeur agrégé d'Economie, banquier d'affaires, il est un habitué des grandes conférences et des grands discours publics. Cela constituait peut-être le principal atout du ‘’compétiteur né’’.

Concernant la situation du Bénin, à l’optimisme exagéré de Lionel Zinsou, Patrice Talon a opposé un réalisme. Aux démonstrations superficielles de Lionel Zinsou, Patrice Talon a opposé des analyses profondes et des descriptions précises des réalités béninoises. Incisif et percutant, amenant Lionel Zinsou à le complimenter à plusieurs reprises. Sans doute, le très éloquent Lionel Zinsou s’est retrouvé au mauvais endroit et au mauvais moment. Pas facile de défendre un régime dont les pratiques ont durement éprouvé l’Etat de droit démocratique. Risqué d’être le dauphin d’un homme dont les facéties et les déviances n’arrangent en rien l’image du Bénin.

Le Nouveau départ : un idéal politique

« Le Nouveau départ » est le slogan avec lequel Patrice Talon est entré dans la course à la Marina. Pourquoi le nouveau départ ? « C’est l’expression d’un idéal », répond Patrice Talon à cette première question du débat. Le magnat du coton argumente que le Bénin va mal sur tous les plans : social, politique et économique. L’idéal démocratique négocié à la Conférence nationale de février 1990 s’est effrité. La perte des valeurs est criarde, le clientélisme patent. Le pouvoir exécutif est devenu décadent. Ce qui compromet le développement. C’est pourquoi, lorsque Lionel Zinsou déclare que le Bénin va bien, l’indignation de Patrice Talon est sans ambages : « Je suis désolé de savoir que Lionel Zinsou qui aspire diriger le Bénin dise que le pays va bien ». « Le Bénin va mal », insiste Patrice Talon. Qui envisage une batterie de mesures pour sortir l’ancien quartier latin d’Afrique du malaise. Et les ‘’Talon solutions’’ aux maux béninois passent entre autres par la réforme du système politique, la dépolitisation de l’administration, la prise « de réformes nécessaires non pas pour reprendre l’esprit de la Constitution » du 11 décembre 1990 « mais pour le préciser.» « Il faut l’installation d’une nouvelle dynamique économique », a-t-il complété.

« Lionel Zinsou ne connaît pas le Bénin »

Dans le « Moi président, le face-à-face d’hier », Patrice Talon s’est également mis dans une posture de légitimation de son ambition présidentielle ; démontrant sur chaque question qu’il connait mieux les réalités béninoises que son adversaire du dimanche prochain. Il le lui rappelle d’ailleurs plusieurs fois. « Mon interlocuteur parle de grandes théories, mais au Bénin l’inégalité des chances n’existe pas », a-t-il réagi à la réponse du dauphin de Boni Yayi sur la question de l’inégalité des chances. Patrice Talon avance que l’égalité des chances doit être du «concret». Il fait remarquer qu’au Bénin, c’est malheureux de constater que des enfants sont discriminés à cause de la position politique de leurs parents par rapport au régime.

« Il faut mettre sur pied un dispositif pour limiter les risques de discrimination, propose-t-il. Il s’agit de répartir les services de l’Etat au profit de tout le monde et mettre fin à l’avancement sur la base de l’allégeance».
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La dynamique devrait être la même dans l’éducation. Patrice Talon trouve que ce secteur primordial est gangréné par la politisation à outrance. Pour sauver l’éducation de l’agonie, « il faut redonner vie au Conseil national de l’éducation ». Les secteurs de la santé et l’énergie ont aussi besoin de thérapie. A la santé, les problèmes se posent à deux niveaux : « d’abord l’accès aux soins, ensuite leur qualité ». « Au Bénin, la grande masse des populations, les paysans et artisans n’ont pas accès aux soins de santé, décrit le candidat de la coalition de rupture. Le plateau technique est inopérant.» Et le Nouveau départ prévoit «un dispositif pour permettre à cette grande masse d’avoir accès aux soins de santé » de qualité. Dans les domaines de l’énergie et de la sécurité, les approches de l’homme sont tout aussi pertinentes et concrètes.

Un gout d’inachevé…

Le face-à-face d’hier a tout de même un gout d’inachevé. Les circonstances de la fin de l’émission en sont la preuve. Les candidats n’ont pas pu élaborer sur des questions majeures comme l’emploi des jeunes, la sécurité ni les réformes économiques. Tantôt sur l’offensive, tantôt sur la défensive, ils ont par moment laissé place aux attaques personnelles. Globalement, Patrice Talon était fougueux, Lionel Zinsou plus modéré. L’ancien patron de PAI Partners a avancé des idées innovantes. Mais on a l’impression qu’elles ne sont pas destinées aux problèmes béninois. Sans doute Lionel Zinsou n’a pas comblé les attentes. Ou peut être Patrice Talon a brillé là où l’on attendait le moins. En tout cas, le porte-étendard de la rupture a démontré qu’il pouvait faire le job. Après plusieurs mois de précampagne, trois semaines de campagne et un débat contradictoire de deux heures, les Béninois choisiront-ils de danser du ZinLi parisien ? Préféreront-ils des « Talons » « Made in Bénin » ? Réponse dimanche !

VIDÉO: L'INTÉGRALITÉ DU DÉBAT PRÉSIDENTIEL

Source: La Nouvelle Tribune

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