Dimanche 20 Mars 2016. Un jour. Quatre élections présidentielles dans quatre pays Africains dont : le Bénin, le Niger, le Congo - Brazzaville, et le Sénégal (référendum). Des experts et politologues africains donnent leurs analyses éclairées sur les vrais enjeux de cette vague d'élections pour les peuples africains eux-même dans un premier temps, et ensuite, les implications géopolitiques de ces élections pour le continent Africain tout entier.
Au Congo, il s'agit du premier tour de la présidentielle; au Bénin et au Niger, c'est le deuxième tour de la présidentielle et enfin au Sénégal, d'un référendum pour une modification constitutionnelle. Donc, trois élections en Afrique de l’Ouest et une dans la partie centrale du continent.
Des élections le même jour, des réalités et des situations politiques différentes
Les éléments de ressemblance entre ces quatre rendez-vous politiques se limitent bien au jour auquel ils ont lieu.
De loin, le cas du Congo-Brazzaville est le plus inique. C’est le symbole d’une Afrique qui marche à reculons. L’incarnation d’un pays dont le destin tient à la volonté et au désir exclusif d’un homme, Denis Sassou Nguesso.
Après un cumul de 32 ans à la tête du Congo, le président, ne voulant pas se lester des délices et autres privilèges liés à l’exercice du pouvoir, a décidé de tripatouiller la constitution pour s’offrir le pouvoir à vie. Paradoxalement, mais ouvertement soutenu par François Hollande, il n’a eu aucun mal à museler son opposition pour parvenir au simulacre d’élection d’hier.
L’Observateur Paalga, quotidien Burkinabé révèle:
« Cinq mois environ après le référendum constitutionnel du 25 octobre 2015, 2 millions d’électeurs congolais étaient appelés ce dimanche (…) à élire Denis Sassou-Nguesso ; nous disons bien élire Dénis Sassou-Nguesso, pas un autre président. (…) Et justement, poursuit le quotidien burkinabé, pour mettre toutes les chances de son côté, Sassou a fait couper toutes les communications (téléphone, Internet, SMS) dans le pays pour éviter, prétexte-t-on, la proclamation sauvage des résultats par les états-majors des partis politiques, les médias et les réseaux sociaux. L’opposition, qui comptait avoir des délégués dans chaque bureau de vote, voulait photographier avec des téléphones portables les procès-verbaux pour comptabiliser elle aussi les résultats et les comparer ensuite à ceux officiellement publiés. On se doute qu’elle a eu du mal à le faire. »
Niger : un second tour à sens unique
Autre scrutin très critiqué par la presse Africaine : la présidentielle au Niger. Le quotidien Malien "Le Républicain" s'exclame :
« Coup de force contre l’opposition nigérienne »(...) « Désigné par les Nigériens pour aller au deuxième tour de la présidentielle, alors qu’il était en prison, l’ancien Premier ministre Hama Amadou n’a bénéficié d’aucune grâce de la part du président Mahamadou Issoufou, candidat à sa propre succession. Si les électeurs l’ont choisi, malgré les présumées charges retenues contre lui, c’est le choix d’une partie du peuple dont le pouvoir ne devrait pas faire abstraction », estime le quotidien malien. De ce fait, poursuit-il, « l’élection de Mahamadou Issoufou prend un arrière-goût d’inachevé et frise le coup de force contre l’opposition nigérienne, car ce 20 mars, une partie du peuple nigérien a été privée de l’expression démocratique. C’est une confiscation du droit civique des citoyens par le président sortant pour se maintenir au pouvoir. »
Au Bénin, l'alternance politique se confirme
Pour ce qui est de la présidentielle au Bénin, aucune suspicion. Car l’alternance est en marche. Le Premier ministre sortant, Lionel Zinsou, a en effet reconnu cette nuit la victoire de l’opposant Patrice Talon. Talon qui était déjà donné largement gagnant par un sondage de sortie des urnes effectué par l’IBS, l’institut béninois de sondage, et dévoilé dans la soirée par La Nouvelle Tribune.
Au Sénégal, l'heure est à la révision constitutionnelle
Enfin, dernier scrutin hier : le référendum au Sénégal sur la révision constitutionnelle proposée par le président Macky Sall. D’après le quotidien La Tribune, « le Oui l’emporte à l’arraché ». Mais, « signe inquiétant, relève le quotidien dakarois : le taux de participation est loin d’être acceptable. Les Sénégalais ne se sont pas précipités pour aller voter. Ils devraient être moins de 40% des électeurs à avoir accomplir leur devoir civique. » Qui plus est, donc, pour ce qui est du résultat, « c’est le coude-à-coude un peu partout, pointe La Tribune. Jamais dans l’histoire politique sénégalaise, un référendum n’aura autant divisé le peuple. Macky Sall est averti. Le sentiment de désespoir est largement partagé. Il a déçu à bien des égards. »
Des experts et politologues africains donnent leurs analyses sur ces rendez-vous électoraux (vidéo)