Le massacre de plusieurs dizaines de civils dans la nuit de samedi à dimanche dernier à BENI, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), se trouve être le énième d'une série de massacres perpétrés à l'arme blanche, et ce, depuis 2014. Certains observateurs internationaux n'hésitent plus à qualifier ce qui se passe dans cette localité de la RDC de véritable "génocide". Face à cette grave situation, la Ligue panafricaine UMOJA se prononce à travers un communiqué officiel, dont nous vous livrons le contenu ci-dessous.
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LES MASSACRES À BÉNI ET LA SITUATION EN RD CONGO : COMMUNIQUÉ DE LA LP-U
[ Communiqué de la Ligue Panafricaine UMOJA (LP-Umoja) ]
La Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-U) présente ses condoléances aux familles et aux proches des victimes des massacres survenus dans la région de Béni, et assure le peuple congolais de toute sa solidarité sans faille dans le drame qui se déroule en République démocratique du Congo.
Moins d’une semaine après la proclamation de son indépendance le 30 juin 1960, le Congo a connu des mutineries militaires et des tentatives de sécession de ses riches régions minières. La souveraineté du Congo est amputée au bout de quelques mois par l’assassinat en toute impunité de son Premier ministre Patrice Lumumba dans le cadre d’un complot international. Pour le combattant de la libération africaine Frantz Fanon, les visions irréconciliables entre la souveraineté du Congo voulue par Lumumba et les ingérences impérialistes exigeaient que tous les Africains s’unissent dans une force de défense continentale protégeant le Congo des convoitises étrangères.
En plus des enjeux géostratégiques (rivalité américano-soviétique, colonialisme portugais et impérialisme sud-africain soutenu par l’OTAN), Paris, cherchant à remplacer la Belgique en Afrique centrale, octroya l’indépendance à huit de ses colonies au mois d’août 1960 en leur imposant de lier leur armée et leur vote onusien à la politique africaine de la France. Ce n’est qu’un exemple, mais les Africains de tous ces pays-là doivent comprendre pourquoi le silence de leur propre gouvernement sur la situation du Congo veut dire que l’Afrique ne sera jamais indépendante sans l’unité autour d’un Congo libéré et souverain.
Le soutien occidental au régime de Mobutu, puis les renversements d’alliance survenus au mi- lieu des années 1990, font du Congo le cœur d’une guerre interposée entre grandes puissances. Depuis, la plus importante « force de maintien de la paix » des Nations Unies au Congo (MONUSCO) semble indifférente au long génocide (plus de 8 millions de morts) qui se déroule à l’Est de ce pays, où les ressources stratégiques transitent par le Rwanda.
Depuis 1996, plusieurs dizaines de milices et rébellions armées se créent, se défont et renaissent dans cette région avec le soutien manifeste de l’industrie du pillage et de l’armement. Des rapports et des travaux de chercheurs indépendants ont démontré les liens directs entre les milices sur le terrain, les puissances africaines régionales, et les multinationales opérant sous le parapluie des puissances occidentales coalisées au Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
Les acteurs sont connus et les scénarios ne sont que des épisodes rediffusés : tutelle internationale sur le Congo à partir de pressions ou de corruption de la classe politique congolaise, entrée en jeu des compagnies minières multinationales, occupation ou tentative de sécession sur les régions les plus riches (Kivu, Maniema, Ituri…), contrôle de l’armée par des éléments rebelles ou anti-congolais, viol systématique comme arme de guerre sur les femmes, massacres de populations sur fond de répliques génocidaires, silence médiatique et cynisme de la Cour pénale internationale…
La Ligue Panafricaine – UMOJA exprime sa vive inquiétude devant une situation où les massacres sont planifiés, exécutés et répétés depuis deux décennies. Au contraire des simulacres de négociations politiques, les exécutions sont réelles, massives et insupportables. Alors que le contexte de « guerre contre le terrorisme » autorise les Etats à répondre aux attaques, de manière parfois disproportionnée, l’absence de protection des habitants de l’Est du Congo montre de quel côté penche le rapport de force. La LP - UMOJA appelle à ce que la pression médiatique dénonçant les massacres à Béni, organisée notamment sur les réseaux sociaux, soit étendue, renforcée et accompagnée d’une pression morale, économique et politique sur les instigateurs de ces drames afin de changer le rapport de force.
Umoja ni Nguvu !
Le 17 août 2016
Le Bureau Politique Provisoire de la Ligue Panafricaine – UMOJA (Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Quelques réactions sur les reséaux sociaux
Kemi Seba, activiste panafricain et membre fondateur de l'ONG Urgence panafricaine