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[Afrique] Comment briser les chaînes de la domination étrangère (Partie 1/3) ?

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"Comment briser les chaînes de la domination étrangère en Afrique?" Ce sujet est tellement vaste, multidimensionnel et pluridisciplinaire qu'il serait naïf de penser pouvoir le traiter de façon exhaustive en un seul article. C'est la raison pour laquelle, nous le traiterons en une série de 3 articles, dont celui-ci représente le premier volet.

Dans la 1ère partie intitulée : "Au commencement était le lavage systématique de cerveau", la question du contrôle de l'Afrique a été posée du point de vue de sa genèse. Ce premier élément va expliquer "comment le prédateur a procédé pour instiller en les Africains la mentalité de l'esclave?".

La 2ème partie va être quant à elle, consacrée aux mécanismes de contrôle sous la forme d'institutions financières, politiques, religieuses et militaires chargées de réguler le monde selon les intérêts de certaines puissances, ou plutôt de la poignée de familles qui dirigent le monde. Cette partie démontrera aussi que les chefs d'Etats africains ne sont en fait que des exécutants de bas niveau derrière les financiers, les planificateurs et les principaux exécutants.

Enfin, dans la 3ème et dernière partie, nous proposerons d'explorer quelques pistes de solutions.

1ère partie : "Au commencement était le lavage systématique de cerveau"

Lorsqu’on veut connaitre le(s) détenteur(s) du véritable pouvoir dans un pays, il est une question préliminaire qu’il faudrait se poser : Qui contrôle l’argent (entendu comme entité qui comprend entre autres composantes : la monnaie, et le système bancaire)?

À cette question, l’on devrait ajouter les deux autres :

  1. Qui contrôle le sous-sol et le sol ?
  2. Qui contrôle l’information ?

Dans tous les pays africains, et par extension dans tout le monde noir, la réponse à ces questions est simple: les occidentaux pour l’essentiel, bien que, depuis quelques temps, les asiatiques essayent de se positionner avec force.

Lorsque tout un continent, l’Afrique, qui regorge de la majorité des ressources naturelles énergétiques et minières de la planète, et qui par conséquent est le seul continent à pouvoir être indépendant de tous les autres, se retrouve paradoxalement dans la situation où ses habitants sont les gens les plus pauvres et les plus dépendants de la planète, il est dans l’ordre du normal de se poser des questions, et ce faisant, il est essentiel:

  1. de réexaminer le processus par lequel nous sommes tombés dans ce piège
  2. de comprendre les mécanismes qui nous maintiennent dans ce prédicat
  3. de proposer des solutions pratiques pour la mise en place de véritables structures et politiques de libération qui seules nous ferons sortir de cette situation.

La question fondamentale qui sous tend toutes celles-ci-dessus mentionnées est de savoir qui contrôle la pensée des africains car du contrôle de cette pensée procède toutes les autres formes d’asservissement; en effet, celui qui contrôle le processus de réflexion, contrôle l’homme.

Le premier thème que nous allons donc examiner est celui du processus de la mise en place de la mentalité d’esclave (ou de la mentalité de colonisé).

Bien qu’il ait eu plusieurs méthodes à travers les âges, les unes plus physiquement brutales que les autres, le meilleur modèle qui nous est offert se retrouve dans le discours de Willie Lynch, le père du lynchage.

Le discours de Willie Lynch sur la fabrication d’un esclave

Ce discours a été délivré par Willie Lynch en 1712 en Virginie. Willie Lynch était un propriétaire d’esclaves d’origine Britannique, qui a été invité par d’autres propriétaires d’esclaves afin qu’il leur enseigne ses méthodes de contrôle. Le mot  « lynchage » se réfère à lui.

"Salutations,

Messieurs, je vous salue ici aujourd’hui sur les berges du fleuve James, en ce jour de notre seigneur de l’année 1712. D'abord, je dois vous remercier chers messieurs de la Virginie, de m’avoir invité. Je suis ici pour vous aider à résoudre certains problèmes que vous rencontrez avec vos esclaves. J’ai reçu votre invitation dans ma modeste plantation des Indes occidentales, où j’ai expérimenté de nouvelles méthodes, bien que très anciennes pour contrôler les esclaves. La Rome ancienne vous envierait si vous mettiez en pratique mon nouveau programme.

Au moment où nous naviguions le long du fleuve James, qui porte le nom de notre illustre roi, dont nous chérissons la version de la Bible, j’ai pu constater que vos problèmes ne sont pas isolés. Alors que Rome utilisait abondamment des cordes et du bois pour crucifier les gens sur le long des autoroutes, vous ici utilisez occasionnellement les arbres, et les cordes. J’ai moi-même vu il y a quelques kilomètres de cela, un esclave qui pendait sur un arbre. Non seulement vous perdez des ressources utiles en les pendant, mais en plus vous avez des grèves, et certains de vos esclaves réussissent à s’enfuir. Vos plantes sont souvent laissées trop longtemps dans les champs, ce qui vous empêche de maximiser le profit; ajoutez à cela des incendies, et la destruction de vos bêtes.

Messieurs, vous connaissez votre problème, je n’ai pas besoin d’élaborer. Je ne suis pas ici pour énumérer vos problèmes, je suis ici pour vous introduire de nouvelles méthodes pour les résoudre. J’ai dans mon sac, une méthode dont l’efficacité est prouvée dans le contrôle des esclaves noirs. Je garantie à chacun de vous que, bien appliquée, elle contrôlera les esclaves pour au moins 300 ans. Ma méthode est simple. Chaque membre de votre famille peut l’utiliser, ainsi que les superviseurs de vos plantations.

J’ai noté un certain nombre de différences parmi les esclaves, et j’ai utilisé ces différences en les agrandissant. J’utilise la peur, la méfiance, et l’envie pour des fins de contrôle. Ces méthodes ont bien marché dans ma modeste plantation et à travers tout le Sud. Retenez cette simple liste des différences et réfléchissez-y. En tête de ma liste est « l’âge » seulement parce que ce mot commence par la lettre a. Ensuite il y a la « couleur » ou la physionomie. Il y a également: l’intelligence, le physique, le sexe, la taille des plantations, le statut dans la plantation, l’attitude des propriétaires, le lieu d’habitation des esclaves, la texture de ses cheveux, la taille. Maintenant que vous avez une liste des différences, je dois vous donner un aperçu des actions à entreprendre. Mais avant cela, je dois vous assurer que la méfiance est plus forte que la confiance, que l’envie est plus forte que l’adulation, le respect, ou l’admiration.

Apres avoir subi cet endoctrinement, l’esclave noir va lui-même se charger de l’alimenter et de le propager pendant des centaines d’années voire des milliers. N’oubliez pas, vous devez opposer les vieux aux jeunes, les clair-de-peau aux sombre de peau. Utilisez les femmes contre les hommes et les hommes contre les femmes. Vous devez également avoir des servants blancs et des superviseurs qui n’ont pas confiance aux noirs. Mais par-dessus tout, vous devez réaliser qu’il est d’une nécessité absolue que vos esclaves n’aient confiance qu’en vous, et qu’ils ne dépendent que de vous. Qu’ils ne doivent aimer, respecter et n’avoir confiance qu’en vous. Messieurs, ces instruments sont la clé du contrôle. Utilisez-les, faites en sorte que vos femmes et vos enfants les utilisent, ne manquez jamais une occasion de les mettre en pratique. Si vous utilisez intensément ces instruments pendant un an, les esclaves eux-mêmes vont reproduire à perpétuité le manque de confiance entre-eux.
Merci messieurs.
"

Comme on peut le constater, la situation dans laquelle se retrouve l’Afrique aujourd’hui n’est ni le fait du hasard ni celui de la fatalité, et encore moins celui d’un concours naturel de circonstances malheureuses. Le problème de l’Afrique est le résultat d’une stratégie calculée, intelligemment conçue et mise en place pour l’asservir. Les mêmes méthodes sont encore utilisées aujourd’hui et il n’y a rien d’étonnant à voir les occidentaux expliquer tous nos conflits en termes de conflits ethniques, et/ou conflits religieux; l’exploitation des différences continue.

Bien que l’objectif ultime de cet article soit de proposer des voies de sortie de la domination que nous subissons depuis plusieurs siècles, nous allons remettre cette tâche pour plus tard, pour d’abord circonscrire dans une 2ème partie, les structures et méthodes mises en place par les dominants, et surtout d’établir les responsabilités des uns et des autres dans la perpétuation de notre impuissance. C’est le passage obligé si nous sommes vraiment sérieux dans notre tentative à apporter des solutions adéquates à nos problèmes.

Nous pouvons néanmoins commencer par planter le décor. Le très long processus de lavage de cerveau, n’a été que cela, c’est-à-dire un lavage de cerveau; en d’autres termes, notre mémoire historique a été évacuée de notre esprit, entraînant entre autres dans sa chute la perte de notre sociologie, de notre spiritualité, et la perte de nos méthodes de gestion de conflits et de résolution de nos problèmes, héritage que nous avons accumulé sur des millénaires.

Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la position d’un amnésique ou d’un petit enfant qui doit encore tout réapprendre/apprendre de ses parents. Et malheureusement pour nous Africains, nous perpétuons la dynamique que les occidentaux voulaient nous faire adopter pour nous subordonner à jamais à leurs intérêts.

N’ayant presque plus de repères, il nous devient difficile de jeter un regard critique à tout ce qui nous est proposé ni même d’opposer une résistance significative à notre instrumentalisation et notre exploitation car nous opérons selon le modèle qu’ils nous ont prescrit sans même nous en rendre compte.

Nous sommes donc devenus par-là, les principaux agents de notre propre asservissement, et tirons énormément de plaisir dans le suivisme: nous mangeons, buvons, parlons, et nous habillons comme eux. Nous voyons le monde comme eux ; dès qu’ils parlent du concept de développement, nous sautons dans le wagon; ils le modifient en co-développement, nous en faisons de même. Au gré de leurs intérêts, lorsqu’ ils passent à la bonne gouvernance, à la démocratie, au réchauffement de la planète et à la lutte contre le terrorisme qui bien qu’étant des combats nobles en valeur absolue, ne sont en fait que des subterfuges pour masquer les objectifs de prédation, nous leur emboîtons le pas.

Or nous oublions que dans ce paradigme, ils occupent la position privilégiée, et en sortent les grands gagnants alors que nous en sommes les laissés-pour-compte confinés à la dernière place. Après tout, ce sont eux qui ont établi les règles de jeu et les valeurs par lesquelles nous fonctionnons. Pire, nous comptons sur eux pour nous aider à sortir de là où nous sommes, alors qu’ils sont où ils sont justement parce que nous sommes où nous sommes; le statu-quo leur profite.

Malgré ce tableau négatif, tous les espoirs ne sont pas perdus. Les théoriciens du lavage de cerveau avaient eux-mêmes dès le départ compris qu’il est très difficile de maintenir le cerveau humain dans un état de déséquilibre permanent.

À l’époque, ils n’ont pas trouvé une explication scientifique à ce phénomène mais aujourd’hui, avec le développement de la génétique et la découverte de la mémoire génétique, les choses sont plus claires : la plus importante composante de la mémoire n’est pas dans l’esprit. Elle se trouve dans les gènes et plus précisément dans l’ADN, ce qui nous donne l’espoir de la récupérer.

Pour empêcher cela, de nouvelles formes de guerres ont vu le jour pour entretenir le lavage de cerveau : La destruction systématique de notre image dans leurs média, la falsification de notre histoire, mais surtout l’invasion de notre alimentation par les Organismes Génétiquement Modifiés afin de corrompre notre patrimoine génétiques et de nous couper à jamais de notre passé.

Nous affranchir de cette misère va nous demander des efforts qui vont au-delà de la remémoration de notre passé glorieux; il nous faudra nous réorganiser sur le plan politique, économique et même social autour de nos valeurs, réorganisation qui devrait naturellement nous permettre de reprendre le contrôle de nos ressources humaines, naturelles et minières. En effet la construction des pyramides, ou encore le rayonnement de nos grands empires ne reposaient pas sur du néant. Cela n’a été rendu possible que dans un contexte socio-économique, et même philosophique particulier. Il est clair que l’on ne peut pas prospérer sans un minimum d’organisation sociale et sans mettre la science au service du bien-être des masses, et évidemment pas sans un contrôle sérieux de ses ressources essentielles.

Par Paul Daniel Bekima, pour Le Sphinx Hebdo

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