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[Société] Doit-on vraiment s'abstenir de juger, voire de condamner son prochain ?

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"Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.", nous dit la bible (Matthieu 7:1). Mais face aux défis de nos sociétés africaines fortement christianisées, où la morale de la cité cherche encore son chemin tant les lois et règles sont violées par tou.te.s, à commencer par "les puissants", toutes chapelles confondues(politique, religieuse, syndicale,...); il convient de s'interroger sérieusement sur le "jugement", et son rôle dans la construction d'une société harmonieuse, régie par des règles. C'est à cet exercice que s'est livré Kafui Ekue en donnant des pistes de réflexions intéressantes sur la question : "Doit-on s'abstenir de juger, voire de condamner ?"

Tout de go la réponse est NON. S'abstenir de juger c'est éteindre sa conscience. C'est devenir un mouton et suivre la vague sans s'interroger sur le bon sens, l'objectif de ce qu'on a devant soi. Juger n'est pas en soi négatif, c'est confronter une situation, à des principes (traditions ou autres) ou à des lois et règles de vie.

JUGER c'est donc vérifier la conformité d'une chose, ou d'un acte aux règles communes de vie; c'est vérifier si l'acte ou la chose ne sont pas des troubles à l'ordre public.

Au regard de cela on doit comprendre qu'un jugement doit être par principe impartial. L'impartialité c'est le fait de juger sans tenir compte de raisons subjectives pour condamner ou donner raison. C'est appliquer la règle de manière impersonnelle.

S'interdire de juger est également un déni de justice, c'est consacrer l'arbitraire, la prédation.

En gbe juger se dit « gbe nya » c'est à dire éviter des troubles, trancher une affaire pour éviter qu'elle ne dégénère. Condamner se dit « Bu fɔ » ( Bu fɔn) [bou fon] et obtenir gain de cause « xɔ nya wò » [xho gna wò].

Juger commence par soi-même, c'est une auto-critique pour rester en conformité avec les valeurs-traditions communes et partagées par les membres afin d'assurer l'harmonie. Juger autrui, c'est situer cette personne par rapport aux règles communes (impartialité) et non par rapport à ses impressions personnelles ; ce qui équivaut à la partialité. Ce qui nous démontre que l'universalisme des lois est une aberration intellectuelle. On ne peut juger une personne avec des règles qui ne sont pas siennes. On ne peut qu'ici, constater la prédation dont font preuve les pays eurasiatiques

L'impartialité n'a jamais été synonyme d'abstention de juger. C'est de juger conformément aux règles communément établies quelle que soit la personne concernée par le jugement.

"Être impartial c'est appliquer la même règle à tout le monde et éviter le deux poids deux mesures."

Dans la tradition gbe il y a un adage qui l'exprime : « Nya do wo kplo na me ame oo » c'est à dire on juge les faits, les actes, pas les personnes ce qui conduit à une justice équitable. La partialité est donc une injustice qui dès l'origine a pour objectif a priori de condamner l'autre en violation des règles ; c'est-à-dire par leur mauvaise application.

Condamner dans nos traditions n'est pas infamant ; c'est dire la justice ; c'est plutôt avoir un rôle d'éveilleur. Le mot « Bu fɔ » l'exprime à souhait quand on en étudie le sens. « Bu » signifie ici calculer (évaluer) ou encore autre (second) et « fɔ » signifie réveil/éveil. La condamnation est le fait d'amender une personne. C'est une démonstration (« bu » calcul), par référence aux valeurs-traditions, des erreurs d'un individus, pour lui donner une seconde chance, pour l'éveiller (« fɔ » réveil). Condamner c'est donner au prévenu l'occasion de s'amender ; de se racheter une conduite.

"Refuser de juger c'est donc une manière de dormir, de sortir de son état de conscience."

Dans la continuité de cette logique, juger c'est tenir éveil, réveiller ; agir selon un modèle défini, se conformer à un modèle de référence qui permet de savoir si on est dans le cadre du contrat social, c'est-à-dire des valeurs communes au groupe. Juger n'est donc pas quelque chose de négatif. Si les religions abrahamiques en ont fait interdiction, c'est à dessein de s'octroyer seul le droit de dire ce qui doit être ; et par là de contrôler, les pensées, et les actions des gens.

La Maât rien que la Maât !

Par : Kek Kafui Ekue
Dan$ôvi Danxoevi Alevi Huvi !
Olofin Adimula, Olofin Aye Olufe.
Adzihin Gaâ-Fia, Hlonbiala, Avedzikpɔla - Traditionaliste
Initiateur & Thérapeute du KAXOKA-KAHOKA
Disciple de Maâ $aba Dan$ô Tsamba !


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