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[Culture] Vérité historique : ''il n'y a jamais eu d'amazones en Afrique !'' - par Ze Belinga

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Décoloniser l’histoire du monde : les Minos du Benin n'ont rien à voir avec la mythologie grecque. Dénommer "Amazones" le régiment militaire d’élite entièrement féminin du royaume historique du Dahomey est une faute devant l’histoire.

C'est aussi une coupable perpétuation de l’écrasement des discours des peuples sur eux-mêmes au profit des récits coloniaux et leurs effets d'effacement des visions non eurocentriques du monde.

Les Amazones appartiennent non pas à l’histoire mais à la mythologie grecque, signalées depuis Homère dans l’Illiade à l’époque antique. Ce sont des guerrières d’Asie mineure (Anatolie) à l’identification peu précise, variant avec les auteurs et les épisodes de la vie de cette région. Les traits qui leur sont reconnus d’une façon générale se ramènent au courage, à l’art de la guerre, une férocité confinant à la cruauté, au rejet des hommes en dehors des périodes orgiaques, de libertinage sexuel et de reproduction. On leur prête la pratique d’infanticides de bébés masculins, de mutilation de leur sein pour les besoins de l’adresse à l’arc, entre autres us et coutumes. La détestation des hommes, entretenant une guerre des sexes, paraît devoir servir une astuce narrative de la civilisation grecque étudiée : ériger un groupe de femmes guerrières en faire-valoir de l’héroïsme masculin grec puisque nombre de héros mythiques tels que Achille, Héraclès ou Thésée, affrontent et vainquent les Amazones, augmentant ainsi leur renommée.

À l’opposée le royaume du Dahomey édifiera entre la fin du 17ème et la fin du 19ème siècle, un régiment exclusivement féminin de guerrières d’élite. Ce régiment devait prendre une grande importance militaire sous le règne de Ghézo (1818-1858) qui en fit une unité combattante organisée et intrépide. Identifiées selon leurs fonctions spécifiques, les chasseresses appelées « Gbeto » en langue fon, les fusilières « Gulohento » ; les faucheuses « Nyekplohento » ; les archères « Gohento » ; les artilleuses « Agbalya » ; étaient toutes également dénommées « Minos » qui signifie mère ou « Agon’djié », qui signifie « Ote-toi de là ».

De nombreuses victoires et une défense remarquable du royaume sont à l’actif de ce groupe de guerrières qui s’inscrira toujours dans la vie politique, sécuritaire, militaire et cultuelle du royaume, au service du roi et de la société du Dahomey. Le Dahomey devint un protectorat français après une résistance valeureuse des Minos dont le corps fut dissous en 1894.

Les Minos sont donc improprement appelées « Amazones » et par facilité voire par colonialité, historiens, intellectuels et politiques africains continuent d’utiliser un terme qui a été introduit par la colonisation française et qui reproduit les tropes de l’histoire grecque sur les mondes africains colonisés. Dans le même ordre d’idées, c’est un aventurier espagnol qui fut à l'origine du toponyme "Amazonie" dans les Amériques.

François Orellana explorant l’Amérique du Sud fut attaqué en 1542 alors qu’il traversait un fleuve, par le peuple Tapuya dont les femmes combattaient avec leurs hommes, aussi vaillamment qu’eux. C’est ainsi, d’après de nombreuses sources, qu’au XVIème siècle le plus long fleuve d’Amérique du Sud, traversant le Peru, le Brésil, l’équateur fut dénommé « fleuve Amazone » et la région « Amazonie ». Ce privilège de nommer le monde en vient à aplatir l’histoire des peuples sur celle d’une seule géographie, européenne, en lui imposant des catégories d’analyse et un imaginaire étranger. Cette colonialité fait du monde appauvri un pré programme tragique de répétition de l'histoire européenne niant la possibilité d'existence civilisationnelle différente.

Article rédigé par : Ze Belinga, Auteur, Essayiste


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