Ce vendredi 13 juin 2020 est une date historique pour toute l'Afrique et pour tous ses fils et filles qui se battent depuis des décennies pour obtenir réparations de l'esclavage, et restitutions des richesses de l'Afrique pillées par la France coloniale. C'est le frère Mwazulu Diyabanza Siwa Lemba, accompagné d'un collectif d'activistes africains qui ont fait une descente au musée du Quai Branly pour exiger la restitution des oeuvres du patrimoine culturel africain pillées par la France coloniale, pays prétendument dit des "droits de l'homme" mais qui entend capitaliser ad vitam aeternam sur les prébendes de ses biens coloniaux mal acquis en Afrique pendant la colonisation. Et pourtant. Elle devra s'y faire. Car l'Afrique nouvelle, fière, digne et compétente est en marche.
Rouvert depuis ce mardi 09 juin, soit il y a à peine 5 jours, le musée du Quai-Branly est le lieu par excellence où la France coloniale détient son plus gros butin d'objets sacrés, d’œuvres mémorielles et culturelles pillées à l'Afrique et effrontément exposées comme "patrimoine" culturel d'une République française érigée sur et grâce au crime esclavagiste et colonial.
C'est un groupe de cinq hommes Kamites dignes et courageux, dénonçant la « dépossession de l'Afrique de ses richesses » culturelles et économiques, qui a fait irruption ce vendredi 13 juin 2020 au Musée du Quai-Branly à Paris pour récupérer symboliquement ce qui doit revenir de droit à l'Afrique.
Les activistes ont arraché un poteau funéraire Bari du XIXe siècle sur son socle, en guise d'acte symbolique, avant d'être interpellés par la police et placés en garde à vue. Le musée a porté une plainte contre les manifestants.
«Nous avons décidé de récupérer ce qui nous appartient (...) Ces biens nous ont été volés sous la colonisation. On part avec notre bien, on le ramène à la maison » Mwazulu Diyabanza Siwa Lemba
La question des restitutions d'œuvres africaines qui sont arrivées dans les musées publics français pendant la colonisation est mis sur la table des réclamations depuis 1966, année de l'organisation du premier festival des arts nègres au Sénégal, sous la présidence de Léopold Sédar Sengor. Le Musée du Quai-Branly dispose de la principale collection d'arts premiers africains.
Vidéo intégrale de l'opération coup de poings
Notons que le musée du Quai-Branly - Jacques Chirac est un établissement public administratif, qui a été érigé sur l'emplacement de l'ancien Garde meuble national (1852) de la couronne royale de la France esclavagiste, et placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Ce sont au total plus de 9 000 objets originaires du Tchad, 9000 pièces en provenance du Nigeria, du Cameroun, 1428 oeuvres du Congo, du Benin et ainsi de suite, des oeuvres en provenance de toutes les contrées du continent-mère, le berceau de toutes les civilisations du monde.
Inauguré le 20 juin 2006, le projet du musée a été porté par Jacques Chirac, l'ancien président français, mort le 26 septembre 2019 qui reconnaissait pourtant en des termes clairs et sans ambages, le pillage des ressources de l'Afrique, et prônait la restitution et la réparation du préjudice que la France a fait subir à l'Afrique.
La fréquentation se situe à près de 1 500 000 visiteurs en 2014 et franchit en 2016 le cap des 10 millions depuis son ouverture, ce qui le place parmi les plus fréquentés au monde dans sa catégorie.
Un appel à la mobilisation panafricaine a été lancée pour la libération des activistes
Le débat sur les restitutions d'œuvres issues des pillages esclavagiste et colonial de l'Etat français est parfaitement légitime. Et ce débat est ouvert depuis des décennies, sans qu'à aucun moment la France ne daigne s'astreindre à aucun devoir de justice. D'où la nécessité d'opérations de résistances et d'actions judiciaires à intenter contre l'état français en vue d'obtenir gain de causes, au bénéfice des états et peuples d'Afrique.
L'heure est en définitive à la mobilisation de tous les africains et de tous les afro-descendants afin de faire comprendre à l'état français que le temps béni des colonies et des crimes gratuits contre l'humanité nègre est révolu.
Par : Kouadio KOUAME
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