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[Essai] Critique de la conception tératologique de l'idée de Renaissance africaine - par le Prof. Grégoire Biyogo.

Typographie

Voici un texte publié par le Shemsu Maât, le Kher Grégoire Biyogo, philosophe, politologue, égyptologue, philologue, écrivain et reconnu savant. Plus exactement, son texte est intitulé "Critique de la conception tératologique de l'idée de Renaissance dans le paysage scientifique et intellectuel kamite actuel. Essai de déconstruction et de re-dynamisation d'une idée".. AfroPolitis vous propose l'intégralité de ce texte dans l'optique de stimuler la réflexion de chaque kémit.

  1. Partout [chez le Kémit], l'on parle de Renaissance, notion fondamentale depuis que le Neb Diop l'a revisitée en 1947, mais qui par endroits, semble passer à la mode, travaille et traverse tous les discours dans cet univers intellectuel pourtant pétillant, dynamique même, attentif à juste titre à la reconquête de la souveraineté confisquée de Kama, à sa Sécurité lacunaire, à sa prospérité formelle mais rigoureusement manquée, rêvant davantage qu'il ne produit des théories et des expertises endogènes chiffrées, prévisionnelles et pragmatiques, avec le souci impérieux de la déprogrammation stratégique des complots, des catastrophes, des ruses et des projections cartographiques, économétriques pour l'essentiel obstructionnistes sur l'avenir monétaire, économique, industriel et militaire de l'Afrique.

    Le Tout, par une philosophie des échanges et par des politiques de coopération inégalitaires, dominatrices, unilatérales, exclusives, marginalisantes, schismatiques et paralysantes, avec un ordre du monde définitivement obsolète, foncièrement hostile au partage équilibré des marchés et des richesses dans le monde, à l'exploitation équitable des matières premières et naturelles de Kama, et de ses innombrables ressources stratégiques dans le Golfe de Guinée, la Région des Grands Lacs et dans son oekoumène CEMAC; hostile aussi à la résolution consensuelle et pacifique des contentieux et des crises qui divisent les Etats, autant de violences, d'inégalités et de servitude programmées qui ponctuent et façonnent sans cesse l'économie-monde, avec un usage cannibale, différentialiste voire racialiste de l'armement et du commerce mondial.

  2. Un champ d'investigation de l'Uhem Mesut rêvant aussi d'un Etat fédéral davantage qu'il ne le repense en revisitant les propositions des pères fondateurs de cette idéal unitaire en le déconstruisant, avec des pensées adaptées à l'Histoire et relevant non de l'improbable ou même du probable mais du possible, des faits. La pensée sans les faits est aveugle autant que le sont les faits sans la pensée. Pourtant, de Renaissance, il ne reste plus souvent que des simulacres, la dégradation désespérante de la rigueur déprogrammatiste et déconstructiviste de l'analyse. Peu propice à la réflexion géostratégique, à l'intelligence des probabilités et de l'anticipation des données, des schémas et des hypothèses, à la méditation de nouvelles combinaisons dans les relations Kama-Monde, davantage fascinés par la posture rêvée et rêveuse d'une Histoire autre, révolutionnaire, impérieuse, inconditionnelle, plutôt que de la faire advenir, émerger en en indiquant les éléments moteurs, les axes propulseurs, par des idées audacieuses et sans cesse discutées, argumentées, testées, réévaluées et démontrées qui en valideraient la norme nouvelle, la grammaire inaugurale. Le danger qui plane autour cette heuristique de la Renaissance Africaine (Uhem Mesut Kama), c'est que les discours de ce champ conceptuel et paradigmatique soient linéaires, univoques, vaseux, hétéroclites, mystificatoires mêmes, se donnant alors comme des incantations, sans concept ni théorie ni même d'exigence d'élucidation patiente de ses objets internes, ses stratégies politiques et économiques.

    Cette Renaissance-là est le domaine de la tératologie (discours des déformations, des monstruosités, des contrevérités, des désordres) et de la parole pressée plus que de la véritable pensée, de la véritable recherche ; mais réduction à l'inconsistance, à l’opinion plus qu'au travail patient, critique et autocritique de l’analyse critique, auto-distante et autocritique. Contre cette imposture, il importe de repenser la Renaissance afin de construire un nouveau paysage intellectuel, de nouveaux paradigmes, promouvant une Renaissance lucide, hyper-critique, documentée, pensée, mesurée, quantifiée, attachée à l'historicité des faits, à la démonstration des propositions, à la pertinence des évaluations. Il s'agit de déplacer ses axes de lectures vers la précision, de les re-crédibiliser, de leur redonner la puissance de réfutation nécessaire pour ruiner les contrevérités, le consternant relâchement conceptuel, et investir un champ de recherche enrichissant susceptible de renouveler les sciences humaines et la réflexion philosophique. Là où la patience de la réflexion est en perte d'influence, avec la culture du "copier-coller", les redites paresseuses, l'accumulation sclérosée des affirmations sans les plier au jugement critique, ni les soumettre à la déconstruction de leur croyance les plus primesautières.

  3. Ce qu'il convient de gager, ce sont de nouvelles générations d'intellectuels et de chercheurs, prudentes à l'égard de la science, patientes, persévérantes, et déterminées à rendre intelligible chacune des pliures de leurs recherches. Ce travail se distingue de la précipitation, de la confusion, du déni de lecture des acquis et de l'historiographie, de l'histoire des controverses, des objections, les apports et les avancées des pairs (du même paradigme) par quoi se caractérisent plutôt les sophistes les plus composites, plus préoccupés par les retombées médiatiques de leurs postures que des avancées philosophiques et scientifiques réelles, avec de nouveaux programme de recherche multiples, multitraductibles, déconstructivistes, revenatiels sur la Renaissance elle-même, d'autant que celle-ci est toujours à élaborer, à ajuster, à adapter à notre contexte économique et politique de compétition mondialisée contre l'accumulation des erreurs du passé, contre les échecs antérieurs, pour inventer une toute autre Histoire, avec d'autres concepts, d'autres théories qui soient articulés autour d'autres lectures critiques et perspectivistes de nos héritages sur fond de la référence aux humanités savantes égypto-nubiennes.
  4. Pour autant, depuis l'avènement et l'événement Diop, Kama (l'Afrique, Diaspora) et les Amis des Africains se veulent être la patrie du renouvellement des idées, des intellectuels, pour pouvoir survivre dans un monde de plus en plus inégal, fermé, complexe, fort peu attentif à la Maât, au développement équitable des grandes zones de la planète, à la résolution progressive et sincère des conflits de la planète, aux échanges soucieux de la réciprocité des gains entre les parties. Cette effervescence de la pensée à Kama plus que partout ailleurs au monde gagne à être maintenue, en gageant toutefois l'exhaustivité, le souci des sources fiables, l'exigence d'historicité, de scientificité, la patience de l'argumentation et de la démonstration. De la documentation. Et de la testabilité des hypothèses et des arguments. Nous sommes tenus de plus en plus de vérifier les hypothèses que nous avançons, de lire tout ce que nous écrivons nous-mêmes, entre nous-mêmes comme tout ce qui est écrit sur nous (en faveur ou contre nous), . Et de nous citer nous-mêmes du paradigme en priorité. Pour envisager des synthèses informées, des exégèses érudites, des enquêtes méthodiques, quantifiées, des connaissances sans cesse renouvelées, décrivant une réalité dynamique, complexe, et non figée, imaginaire, faussée. Mais une réalité en perpétuelles mutations et permutations.
  5. Or, comment pourrions-nous contrer la désinformation massive et intentionnelle sur le passé, l'actualité et l'avenir du continent africain et du monde, lorsque médias, journaux, écoles, Universités et courants de pensée puissamment soutenus par de grands groupes financiers sont chargés de défendre une position institutionnelle pour le moins réfractaire au progrès économique, industriels, monétaires et militaires du Continent, réfractaire à l'évolution globale d'une Afrique consommatrice des produits et du savoir venus d'Ailleurs, sans toujours le soumettre à une rude critique des sources égypto-nubiennes ? La kamitosphère intellectuelle et scientifique gagne à démultiplier ses ressources, pour accompagner le mouvement encore timide - et pour cause - mais irréversible de l'Eveil et du Révail de Kama, à travers son exigence de désaliénation, dedans tous les domaines, par une cure souveraineté et d'autodétermination holistique.

Pour ne pas conclure

  1. La réponse à donner face à cette situation est de se mettre au travail, dans le demi-silence de ceux qui veillent en permanence, sans triomphalisme ni excès, mais qui dans l'ascèse, la vigilance critique et l'autocritique réfute et excèdent la grande Aliénation, la Manipulation, le Mensonge, disons la tératologie dominante sur Kama. Le mot du nEB dIOP n'a jamais été aussi impératif que maintenant : : "Armez-vous de science jusqu'aux dents".
  2. Mais la science n'est ni mystificatrice, ni spéctaculaire. Elle est et sera toujours du domaine de l'effort, de la prudence, de l'humilité et de la persévérance.
  3. Puisse cet état d'esprit animer les futurs disciples de la Sia, et les nouveaux et prochains Shemsou Maât, pour produire une pensée prospective et experte de la Renaissance (Uhem Mesut). A travers une recherche dynamique et capable elle-même de produire des institutions mesurées, éprouvées par la vigilance de la Raison critique. Une Raison désormais soumise au partage critique des pairs, sans monopole, ni exclusivité. Ni essentialisme.
  4. Car n'entrent dans le temps de l'aurore (Ânndjou) que les penseurs silencieux (ger). Les Rayons (Setout) ne s'allument que lorsque vient l'humilité du Sage (Saa), lorsque le serviteur de la sagesse (hem sébaÿta) veille sans cesse, dans le sanctuaire (Zekhem) protreptique des Suivants, des penseurs et des Maîtres (Nebou).
  5. Pour gager avec patience une autre temporalité (où chantent la Lyre (Djadja) de l'éternité (Neheh) et où à nouveaux Kama redeviendra la gardienne (Mehi) vigilante de la Terre, et de l'éternité, avec nos plumes (Shout) solaires et osirifiées qui produiront la fameuse lumière (Shout) Noire pour conduire autrement les affaires de notre commune humanité.

Uhem-Mesut :

"De toute les façons on ne pourra jamais re-naître sans mourir au préalable. Ici mourir implique la destruction, le rejet, ou l'analyse sans commune mesure de toutes les idées reçues sur notre Renaissance. Comme dirait Amouna Ngouonimba à peu près dans ce sens : " FRAGMENTER LE SAVOIR QUE NOUS AVONS HERITE DE NOS MAITRES POUR POUVOIR TIRER L'ESSENCE D'UN TEL SAVOIR.CETTE ESSENCE EST LA SEULE CHOSE BENEFIQUE POUR NOUS. CETTE FRAGMENTATION PEUT PARAÎTRE COMME UNE TRAHISSON ET POURTANT ELLE N'EN EST PAS UNE."

Pour pouvoir avancer, il nous faut détruire tout ce qui peut nous faire obstacle, voire nier certaines choses, d'où qu'elles émanent...

Merci Professeur Grégoire Biyogo parce que votre texte subversif nous pousse à la réflexion et nous invite à tuer en nous-mêmes tous les éléments " tératologiques comme vous dites" (déformations, fautes, contrevérités... avant de renaître en puissance.

Crédit : Professeur Grégoire Biyogo

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