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[Billet] L’Afrique est malade de la bourgeoisie de roitelets tropicaux...par Hubert Marlin Elingui

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Le 10 mai 1994 lorsque Mandela arrive au pouvoir en Afrique du Sud beaucoup se demandent comment il va faire pour sortir la population noire du gigantesque fossé qui la sépare de la classe blanche riche qui depuis plus d’un siècle aura contrôlé les affaires de l’Afrique du Sud, sans partage. Le Congrès National Africain, parti à l’Idéologie marxiste à ses débuts fera un virage à 90 degrés, non plus pour protéger les classes pauvres mais se créer sa propre bourgeoisie.

Mandela et les siens pensent alors qu’il faut créer une classe nantie dans la population noire pour essayer de tirer le reste de la « négraille » qui vit dans les bantoustans vers le progrès social. Cependant comme partout ailleurs en Afrique c’est l’inverse qui se produit pendant qu’une certaine élite noire s’engraisse, elle délaisse le restant du prolétariat noire, dans une détresse abyssale, et très vite apprend à la population noire sud-africaine très peu éduquée que son malheur vient des immigrés africains qui lui font une concurrence déloyale dans son propre pays en lui volant tous ses gagne-pains. Ainsi naitra un marasme xénophobe qui des années plus tard culminera à la chasse au « nègre » non sud-africain dans plusieurs émeutes sanglantes qui au cours des décennies 2000 et 2010 viendront montrer à la face du monde les failles des différents gouvernements issus de l’ANC. Les procès pour corruption contre l’ancien président Jacob Zuma ne viendront que confirmer le marasme entre le bourgeoisie noire cleptocrate des tropiques et le prolétariat africain.

Eduquée souvent dans les université occidentales et programmée à servir le système de spoliation du continent, la bourgeoisie en Afrique est une excroissance des régimes néocoloniaux, car elle est un avorton de la politique néocoloniale de l’occident, qui en guise d’Africanisation des cadres dans les années 60, s’est plutôt dotée d’une armada de mercenaires fidèles au système néocolonial et qui, depuis les années 60, sont les agents les plus influents du sous-développement de l’Afrique.

Il n'y a qu’a voir le bagout avec lequel les cadres Africains, travaillant pour les banques coloniales comme la BEAC en Afrique centrale et l’UEMOA en Afrique de l’Ouest, défendent le système de spoliation qu’est celui du franc CFA.

Grassement payés par la monnaie de singe qu’est le franc CFA, ils défendent leurs petits privilèges de roitelets tropicaux au détriment d’une véritable reforme monétaire qui éloignerait leurs pays du joug colonial de la France, et par conséquent donnerait un peu de dignité à une populace noire qui depuis trop longtemps croit être maudite à cause du fardeau de la spoliation qu’elle porte sans comprendre que son destin est contrôlé à mille lieues par un cartel occidental qui continue de faire la pluie et le beau temps comme bon lui semble à travers ses régents africains corrompus et dévoués à leur tâche de relais de la politique servile d’avilissement de l’Afrique.

Tout comme la bourgeoisie occidentale dont le président français François Mitterrand fustigeait le comportement spéculatif, en affirmant que « La bourgeoisie a toujours choisi son intérêt, ou ce qu'elle croyait être son intérêt. Le patriotisme ne fait partie de ses intérêts que sous bénéfice d'inventaire. »

La bourgeoisie africaine pareillement s’en fiche de savoir ce que deviendrait une Afrique paupérisée, avec une population qui augmente de manière exponentielle. Elle voit plutôt en la misère ambiante sous les tropiques les conditions idéales à la consolidation de son pouvoir sur les âmes damnées par le système qu’elle défend, et dont elle profite grassement.

Cependant, il faut noter que si le meilleur résultat que puisse obtenir une révolution, c'est un changement de bourgeoisie, le Prolétariat tropical lessivé par des décennies de pauvreté pérenne, ne sait faire foule que pour les miettes. Il n'y a qu’a voir l’engouement qu’ont certaines populations en Afrique noire à la veille des élections, lorsque ça et là les votes lui sont achetés par des kilos de riz ou de viande, pour comprendre que la situation est plus que critique ! La famine qui sévit sous le prolétariat tropical a enlevé toute dignité à la populace noire qui de manière éhontée monnaye son vote à la bourgeoisie tropicale.

La prostitution politique en Afrique est un avatar du système de spoliation néocoloniale qui de manière pyramidale bénéficie en premier aux multinationales occidentales qui elles-mêmes, organisées sous la forme de cartels, sont devenues de par leur influence sur le milieu politique occidental, de véritables faiseurs de rois.

Ces 30 dernières années, aucun dirigeant occidental n’a osé s’attaquer aux intérêts de la bourgeoisie occidentale et en a survécu politiquement. Alors que les partis politiques dans les démocraties occidentales dépendent de plus en plus des donateurs qui se recrutent en majorité dans les classes bourgeoises, il est logique que les politiciens élus rendent service à ceux qui ont contribué à leur victoire électorale en initiant des politiques qui protègent leurs intérêts. Et mieux. De plus en plus, il n’y a plus de différence, entre la bourgeoisie et la classe politique en Occident ; car les politiciens et les hommes d’affaire nantis évoluent dans les mêmes cercles.

Et pire, il arrive même que, comme dans le cas de Donald Trump, la bourgeoisie elle-même viennent à exercer le pouvoir politique, et par là se permettre d’influencer directement le paysage social et économique pour ses intérêts pécuniers.

Beaucoup ont encore en mémoire le bannissement du Tchad par les Etats-Unis, et son placement dans la liste des pays dont les ressortissants étaient interdits d’entrer aux Etats-Unis sous l’administration Trump, non pas pour terrorisme ou corruption, mais comme conséquence directe à l’imbroglio financier qui opposait l’Etat Tchadien au géant pétrolier américain Exxon Mobil dont Rex Tillerson, homme d'affaires et homme politique américain, fut le PDG de 2006 à 2016, et secrétaire d'État (ministre des relations extérieures) des États-Unis de 2017 à 2018 durant la présidence de Donald Trump.

Les revendications de feu le président Idriss Deby du pourcentage qui était dû à son pays dans l’exploitation de son pétrole lui avait valu des remontrances de l’administration Trump. Le Tchad qui pourtant était jusque-là un allié fiable dans la lutte contre le terrorisme dans le sahel, était du jour au lendemain devenu un pays terroriste à mettre sur la liste noire.

Cet exemple illustre très bien les relations mafieuses qu’il y a entre les états occidentaux et la bourgeoisie occidentale, lorsqu’il en vient à la défense des intérêts mercantiles qui sont en droite ligne dans l’implémentation de la politique néocoloniale, qui depuis toujours sacrifie le bien-être des populations sous les tropiques, qui ont le malheur d’avoir sous leur pieds des richesses minières convoitées par les multinationales occidentales.

Il serait plaisantin que de penser que ces méthodes d’un autre âge sont l’apanage seul de la droite et des faucons américains, car même la gauche et l’oligarchie des nouvelles technologies qui la finance grassement, ne sont pas exempts de tout reproche, comme l’atteste les affaires mafieuses de Microsoft, Apple et autres dans l’exploitation du coltan au Congo dans des zone de guerre, où la mafia des seigneurs de la guerre pille le pays au profit des multinationales américaines.

Là où l’État est en faillite on exploite sans payer la moindre taxe, alors logiquement les gouvernements de gauche ne sauraient remettre en question l’ordre du désordre macabre qui enrichi leurs financiers.

Dans les cas classiques de l’incivisme fiscal des multinationales occidentales sous les tropiques, où les mallettes d’argent sont délivrés nuitamment aux cadres de l’administration sous les tropiques, pour fermer les yeux sur les redevances fiscales qui elles, servent l’intérêt public, les membres du gouvernement tchadien auraient accepté de se faire graisser la patte personnellement par Exxon mobile pour oublier les milliards de dollars dus à l’État par Exxon Mobil qu’il n’ y aurait pas eu de problèmes.

Lorsque que dans les discours l’Afrique est sermonnée par les démocraties occidentales pour la corruption qui y sévît, très peu ont l’honnêteté de dire qu’il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs. Et les plus grands corrupteurs se dénichent non pas dans les populations paupérisées sous les tropiques mais bel et bien chez les membres du cartel des multinationales occidentales et asiatiques.

Alors que le tableau semble être plus que sombre surtout lorsque l’on constate que partout sous les tropiques, il y a un renouvellement des cadres de la bourgeoisie obséquieuse, qui par le biais de l’hérédité sectaire s’accaparent des postes à pouvoir, pérennisant le système de spoliation et ses tares; le seul espoir demeure dans la circulation de l’information.

La populace noire sous les tropiques a, de plus en plus, accès à l’information et par conséquent commence à comprendre les rouages du système qui depuis longtemps, la maintient dans la misère endémique.

Le savoir est la première étape dans le renversement d’un système; quand on sait on finit par comprendre pour se doter des moyens pour un meilleur futur.

Par : Hubert Marlin Elingui, journaliste.

Source : Flashmag.tv

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